Paris (awp/afp) - Le secteur bancaire reste sous pression vendredi, faisant vaciller les marchés mondiaux, malgré les assurances de plusieurs responsables politiques sur la stabilité du système financier.

Wall Street évoluait en baisse, le Dow Jones lâchant 0,77%, le Nasdaq 0,88% et l'indice élargi S&P 500 baissant de 0,75% vers 15H15 GMT.

En Europe, les places chutaient davantage: Paris et Francfort cédaient 2,02%, Londres 1,64% et Milan 1,91% vers 15H15 GMT. A Zurich, le SMI reculait de 1,0%.

Le secteur bancaire de l'indice élargi Stoxx Europe 600 refluait pour sa part d'environ 4%, après une nette augmentation du coût de l'assurance contre le risque de défaut (CDS) de plusieurs banques européennes, Deutsche Bank en tête.

Les déclarations de Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, réaffirmant la résilience du système bancaire qui "dispose de solides positions en termes de capital et de liquidités", et celles rassurantes d'Olaf Scholz ou d'Emmanuel Macron, n'ont eu qu'un effet limité sur des marchés fébriles depuis la faillite de la banque américaine SVB et le rachat par UBS de Credit Suisse.

"La zone euro est la zone où les banques sont les plus solides", a affirmé le président français, tandis que le chancelier allemand a jugé qu'il "n'y a pas lieu de s'inquiéter" pour la Deutsche Bank.

La première banque allemande figurait parmi les banques les plus malmenées en Bourse, avec une chute de 11,03%, après s'être enfoncée de plus de 13%. Commerzbank perdait 5,62% à Francfort.

A Paris, l'action Société Générale cédait 6,57%, la plus forte baisse de l'indice CAC 40, BNP Paribas perdait aussi 5,74%. A Londres, Barclays perdait 5,31% et HSBC 3,14%. Banco Sabadell chutait de 4,51% à Madrid, ING de 4,21% à Amsterdam et Nordea de 7,86% à Copenhague.

A Zurich, Credit Suisse chutait de 6,49% et UBS de 5,70%, reprenant quelques couleurs. D'après Bloomberg, ces banques sont parmi celles soupçonnées par la justice américaine d'avoir aidé des oligarques russes à contourner les sanctions occidentales. Contactés par l'AFP, Credit Suisse n'a pas souhaité commenter l'information et UBS n'a pas répondu.

A New York, le secteur était également délaissé, mais dans une moindre mesure: JP Morgan Chase perdait 1,88%, Morgan Stanley 4,02%, Goldman Sachs 2,11% et Bank of America 1,58%. La banque régionale First Republic, particulièrement sous pression depuis la faillite de SVB, lâchait 2,87%.

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, va réunir les régulateurs financiers du pays vendredi, dont le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell.

"Qui sera le prochain" ___

"La peur d'une contagion" dans le secteur bancaire "n'a pas encore disparu", note Neil Wilson, analyste de Finalto, qui souligne le fort repli des actions des banques européennes vendredi, ce qui "pèse sur le sentiment général" du marché.

"Comme je l'ai dit à plusieurs reprises au cours des deux dernières semaines, la crise ne s'arrêtera que lorsque les investisseurs cesseront de se demander qui sera le prochain", assène l'expert. "Et il semble que nous n'en soyons pas encore là."

Signe de la nervosité des investisseurs, les obligations des Etats européens, des actifs jugés peu risqués, étaient très prisées. Le taux de la dette allemande à dix ans, qui varie en sens inverse du prix de l'obligation, baissait à 2,11% vers 15H00 GMT, contre 2,19% à la clôture de jeudi.

Les valeurs refuge comme le dollar, le yen et l'or étaient également recherchées. En revanche, l'euro chutait de 0,75% face au dollar, à 1,075 dollar pour un euro.

"Il est clair qu'après un bref répit en début de semaine, nous sommes loin d'être sortis d'affaire", prévient Fiona Cincotta, analyste de City Index, interrogée par l'AFP. "Alors que les taux d'intérêt continuent d'augmenter, les craintes concernant le secteur bancaire risquent de s'accroître".

Les banques centrales des Etats-Unis, d'Angleterre, de Suisse et de Norvège ont en effet annoncé une nouvelle hausse de leurs taux directeurs, leur principal outil de lutte contre l'inflation. Cela "augmente la pression" sur les banques, selon Jochen Stanzl, analyste de CMC Markets.

Les prix du pétrole chutent aussi, ce qui est souvent signe que les investisseurs craignent une récession économique. Le baril de Brent de mer du Nord pour livraison en mai perdait 2,18% à 74,25 dollars, tandis que le baril de WTI américain à même échéance reculait de 2,27% à 68,37 dollars.

afp/rp