Paris (awp/afp) - Le pessimisme l'emportait sur les marchés lundi, à cause de la situation sanitaire en Chine et du tour de vis des banques centrales, les investisseurs délaissant toujours les actions.

Après plusieurs semaines de pertes, la Bourse de New York a entamé la séance dans le rouge: le Dow Jones perdait 1,15%, le S&P 500 1,74% et le Nasdaq 2,28% vers 14H05 GMT.

En Europe, les indices étaient aussi en fort recul: Paris cédait 1,76%, Londres 1,59%, Francfort 1,20%, Milan 1,67%. A Zurich, le SMI perdait 2,05%.

Sur le marché obligataire, la tendance s'inversait par rapport au début de séance européenne. Les taux avaient atteint des niveaux plus vus depuis des années, poussés par la hausse des taux directeurs des banques centrales, qui tentent de juguler une inflation record.

Mais devant les risques économiques, les investisseurs semblent préférer les actifs moins risqués tels que les obligations, ce qui faisait légèrement reculer leurs rendements.

Le taux américain à 10 ans se situait à 3,10% vers 14H05 GMT, après avoir touché les 3,20%, un plus haut depuis novembre 2018.

"L'aversion au risque domine", constate Pierre Veyret, analyste d'ActivTrades, expliquant que les investisseurs continuent de "délaisser les actions et les marchés obligataires au profit de valeurs refuge comme le dollar américain" compte tenu du "resserrement monétaire et de la détérioration de la situation virale en Chine".

Les autorités ont étendu les restrictions à Pékin, où des millions d'habitants travaillaient à domicile lundi à la suite d'un nouveau tour de vis des mesures anti-Covid.

Les effets des mesures sanitaires se font déjà sentir: les exportations de la Chine ont progressé en avril à leur rythme le plus faible depuis près de deux ans (+3,9%), avec le confinement de Shanghai qui pénalise lourdement l'activité économique.

De quoi nourrir les craintes sur la persistance de l'inflation dans les prochains mois, alors que la publication mercredi de l'indice CPI sur la hausse des prix à la consommation aux Etats-Unis est attendue avec beaucoup d'anxiété.

Le conflit en Ukraine, qui fait flamber les prix des matières premières, est un risque supplémentaire pour l'économie. Le président russe Vladimir Poutine est resté sur ses positions lundi, en réaffirmant que son armée combattait en Ukraine pour défendre "la patrie" contre une "menace inacceptable".

Les grand noms du numérique souffrent ___

Le niveau élevé des taux d'intérêt plombaient les valeurs technologiques, qui ont besoin de taux bas pour le financement de leur croissance et la valorisation de leurs bénéfices à long terme.

A New York, les géants tels que Alphabet (-1,52%), Amazon (-1,59%) ou Twitter (-1,47%) baissaient. En Europe, Dassault Systèmes chutait de 3,43%, Deliveroo de 4,74%, Delivery Hero de 7,61%.

Côté semi-conducteurs, Infineon perdait 3,48%, après avoir légèrement augmenté ses prévisions annuelles, STMicroelectronics cédait 1,47%, ASML cédait 4,60% et AMD 2,79%.

Uber perdait également 1,61%. Son patron Dara Khosrowshahi a annoncé d'importantes réductions de coûts pour juguler la dégringolade du titre à la Bourse new-yorkaise, dans un courriel envoyé dimanche aux employés de l'entreprise et publié lundi par CNBC.

Le dollar en hausse, la roupie au plus bas ___

Le dollar restait fort: l'euro reculait de 0,14% contre le billet vert, à 1,0537 dollar vers 13H55 GMT.

La roupie indienne plongeait à un plus bas historique face au billet vert, s'échangeant à 77,46 roupies pour un dollar, plombée par l'inflation et de la politique monétaire américaine.

Le bitcoin poursuivait sa correction, plombé par l'aversion au risque des investisseurs: il reculait de 3,37% à 33.090 dollars, une chute de plus de 8% en trois jours.

Les prix du pétrole fléchissaient, lestés par les craintes d'un ralentissement de la demande chinoise en raison de la flambée épidémique que connaît actuellement le pays.

Le baril de Brent à échéance juillet reculait de 2,49% à 109,71 dollars, celui du WTI pour livraison juin de 2,93% à 106,57 dollars vers 13H50 GMT.

afp/rp