Zürich (awp) - Les prix du pétrole tentaient un rebond mercredi, après avoir subi trois journées consécutives de baisse. Dans la foulée de la révision à la baisse des prévisions de croissance économique du Fonds monétaire international (FMI), de plus en plus d'investisseurs redoutent désormais une récession mondiale, laquelle affaiblirait considérablement la demande d'énergie.

Peu après 08h0 mercredi, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre poursuivait son repli, cédant à peine 0,08% à 94,22 dollars, après avoir chuté la veille au soir de 1,97% à 94,29 dollars. Les 159 litres de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en novembre, se négociaient en revanche en très légère hausse, gagnant 0,07% à 89,42 dollars, non sans avoir trébuché mardi en soirée de 1,95%, à 89,35 dollars.

L'actuelle aversion des investisseurs pour le risque est "nourrie par l'inquiétude que l'économie américaine et mondiale ralentisse et refroidisse le marché" et la demande, a commenté Bart Melek, de TD Securities. Mardi, le FMI a abaissé de 2,9% à 2,7% sa prévision de croissance mondiale pour 2023, toujours étranglée par l'inflation et le resserrement monétaire généralisé.

En raison de l'inflation élevée, du durcissement des conditions financières, de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et de la persistance de la pandémie de Covid-19, l'institution de Bretton Woods, près de Washington, a estimé que "plus d'un tiers de l'économie mondiale se contractera cette année ou l'année prochaine". De l'avis des économistes du FMI, "2023 ressemblera à une récession" pour de nombreuses personnes".

Nouvelles fermetures à Shanghai

En Chine, des restrictions ont été ordonnées à Fenyang, ville du nord, ainsi qu'à Xi'An, dans le centre du pays, tandis que plusieurs établissements ont été fermés dans le centre-ville de Shanghai. Une tribune, publiée mardi dans le Quotidien du Peuple, média d'Etat, a affirmé que la politique zéro-Covid de la Chine était "tenable" et qu'il fallait la poursuivre pour stabiliser l'activité économique du pays.

Pour M. Melek, ce maintien d'une ligne dure en matière de lutte contre le coronavirus limite le positionnement des opérateurs à la hausse. Depuis trois séances, le marché effectue un repli technique après l'envolée de la semaine dernière, consécutive à la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses alliés de l'accord Opep+ de réduire sa production de deux millions de barils par jour.

Pour Amarpreet Singh, de Barclays, l'effet de cette annonce a maintenant été digéré. La banque britannique estime à 900'000 barils par jour la contraction réelle des volumes du groupe Opep+ à attendre à partir de novembre, soit moins que le chiffre officiel de deux millions de barils. Cette réduction a fait augmenter les cours d'environ 11 dollars le baril, a expliqué à l'AFP l'expert.

Le président américain Joe Biden a continué à réagir à l'annonce choc de l'Opep+. Washington se déclarant désormais prêt à "réévaluer" la relation des Etats-Unis avec l'Arabie saoudite. Selon le Wall Street Journal, le gouvernement américain a tenté de dissuader le royaume de réduire la production du cartel avant la réunion de la semaine dernière, mais les Saoudiens ont refusé.

L'administration Biden avait notamment proposé de se mettre à acheter du pétrole sur le marché pour reconstituer ses réserves stratégiques si les prix tombaient à 75 dollars le baril, mais l'Arabie saoudite n'a pas donné suite. En réaction à la coupe de production, le gouvernement américain s'est engagé à puiser dix millions de barils supplémentaires dans ses réserves en novembre, pour tenter de soulager les cours.

"Nous ne pensons pas que l'utilisation des réserves stratégiques aide à faire baisser les prix, parce que ceux-ci dépendent des approvisionnements pérennes", a expliqué Amarpreet Singh. "Or, cette utilisation n'est pas tenable" à moyen terme.

Les investisseurs doivent encore se pencher cette semaine sur de nouvelles informations concernant les marchés pétroliers, l'OPEP, l'Agence internationale de l'énergie et la US Energy Information Administration devant toutes publier leurs perspectives mensuelles.

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