Paris (awp/afp) - Les marchés boursiers ont fortement baissé lundi, après une intensification des tensions en Ukraine, où un embrasement du conflit inquiète les Occidentaux.

Les indices européens ont terminé largement dans le rouge: Paris a perdu 2,04%, Milan 1,72%, Francfort 2,07%, et l'Eurostoxx 50, indice européen de référence, a reculé de 2,17%. Londres a mieux résisté (-0,39%). A Zurich, le SMI a cédé 0,98%.

L'indice principal de la Bourse de Moscou, le RTS, plongeait de plus de 13%. La devise russe dévissait également, un dollar s'échangeant pour 79,12 roubles.

Moscou a accusé lundi des "saboteurs" ukrainiens d'être entrés en Russie et affirmé qu'un poste-frontière russe avait été détruit par l'artillerie ukrainienne, ce que l'Ukraine a catégoriquement démenti.

La Russie dit avoir tué cinq de ces agents et fait prisonnier un soldat ukrainien. Côté ukrainien, un civil a été tué par un bombardement des séparatistes prorusses, selon le gouvernement régional.

De plus, le président russe Vladimir Poutine décidera dès lundi s'il reconnaît l'indépendance des régions séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine, au risque de mettre le feu aux poudres, au moment où les Occidentaux craignent depuis des semaines qu'un incident ne serve de prétexte à une offensive russe contre l'Ukraine.

"On a l'impression qu'on arrive proche d'une situation où des choses vont être dites, peut-être à un point de zénith où soit le conflit va s'embraser, soit les tensions vont redescendre", estime Alexandre Baradez, analyste à IG France.

L'espoir d'une éventuelle rencontre entre les présidents américain et russe avait pourtant permis aux Bourses européennes de commencer la journée en hausse. Cet optimisme a vite été douché par Moscou, qui a jugé "prématuré" d'organiser un tel sommet.

"Tant que les craintes d'une invasion russe ne s'apaiseront pas de manière significative, il est peu probable que le marché boursier trouve la force d'une reprise durable", anticipe Konstantin Oldenburger, analyste à CMC Markets.

Des combats dans l'Est séparatiste ukrainien ont eu lieu tout le week-end.

"Cependant les prix de l'énergie, le gaz et le pétrole notamment, ne s'envolent pas, c'est qu'une partie du marché ne considère pas que la situation va devenir ingérable", estime Alexandre Baradez.

Autre conséquence de l'escalade des tensions, la tonne de nickel a atteint 24.610 dollars lundi, un sommet plus vu depuis 2011. La Russie est un grand producteur du "métal du diable".

Les marchés américains sont par ailleurs restés fermés lundi en raison d'un jour férié.

L'auto dérape ___

Les actions des constructeurs automobiles ont nettement glissé à Paris comme à Francfort : BMW a perdu 3,24%, Mercedes-Benz 2,06%, Volkswagen 2,84%, Porsche 3,16%, Stellantis 2,38% et Renault 3,98%. Les équipementiers ont suivi, à l'instar de Continental (-3,91%), Michelin (-2,21%) et Faurecia (-5,40%).

Des minières à la peine ___

Le conflit en Ukraine a lourdement pesé sur les valeurs minières londoniennes liées à la Russie. Polymetal a chuté de 8,47% à 1.070,50 pence et Evraz s'est affaissé de 5,72% à 267 pence.

Credit Suisse accusé de blanchiment ___

Credit Suisse est depuis dimanche soir sur la sellette après une enquête internationale de plusieurs médias l'accusant d'héberger des fonds d'origine criminelle ou illicite, des accusations que la banque helvète "rejette fermement". La banque a reculé de 3,09%.

Du côté du pétrole, de l'euro et du bitcoin ___

Les prix du pétrole remontaient, portés par des tensions à leur comble autour de l'Ukraine mais canalisés par un possible accord "imminent" sur le dossier nucléaire iranien.

Vers 17H30 GMT le cours du baril de WTI américain gagnait 1,20% à 92,16 dollars et celui du baril de Brent de la mer du Nord prenait 1,85% à 95,29 dollars.

L'euro montait de 0,19% à 1,1344 dollar.

Le bitcoin perdait 1,45% à 38.805 dollars.

afp/rp