Vienne (awp/afp) - Après un report pour cause de désaccord, les pays de l'Opep+ s'acheminent jeudi vers un accord pour sabrer davantage leurs quotas de production, avec un objectif: enrayer la récente chute des prix du pétrole.

Les 13 ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) conduits par Ryad, et leurs dix alliés emmenés par Moscou, se sont entendus pour "abaisser encore la production à hauteur de 600.000 à un million de barils quotidiens", a indiqué à l'AFP une source proche des discussions.

Le chiffre définitif reste à finaliser lors de la dernière rencontre de la journée, qui a débuté à 15H30 heure de Vienne, siège du cartel (14H30 GMT).

En parallèle, l'Arabie saoudite devrait encore prolonger sa réduction volontaire d'un million de barils par jour au-delà de 2023, d'après la même source.

Les cours s'affichaient en hausse à cette perspective: 84,35 dollars le baril de Brent et 79,18 dollars le baril de WTI jeudi vers 15H15 GMT.

Les négociations ont été intenses ces derniers jours alors que l'Arabie saoudite, qui fait le gros des coupes, tentait de convaincre les pays africains de partager le fardeau.

Parmi les réfractaires, l'Angola et le Nigeria qui étaient visiblement désireux d'augmenter leur manne pétrolière, source de précieuses devises étrangères.

Ces deux pays n'ont pas digéré les conclusions de la dernière réunion, en juin, qui actaient une réduction de leurs objectifs de production. A l'inverse, les Emirats arabes unis avaient été autorisés à ouvrir davantage le robinet de brut au vu de leur importante capacité de réserve.

Rapports de force ___

Par cette stratégie de coupes, l'Opep+ joue sur la raréfaction de l'offre pour tenter de faire remonter des prix minés par l'incertitude économique sur fond de taux d'intérêt élevés.

Depuis fin 2022, l'alliance garde sous terre environ 5 millions de barils par jour.

Elle avait dans un premier temps sabré quelque 2 millions de barils, à l'occasion des retrouvailles des 23 membres à Vienne, après une longue série de rencontres virtuelles pour cause de pandémie de Covid.

Puis, en mai dernier, neuf membres, dont les Saoudiens et Russes, avaient annoncé des coupes volontaires surprises pour un total de 1,6 million de baril quotidiens.

Et "gâterie saoudienne", selon l'expression du ministre de l'Energie du royaume, le prince Abdelaziz ben Salmane, Ryad a fermé un mois plus tard ses robinets à hauteur de 1 million de barils supplémentaires, décision suivie dans une moindre mesure par la Russie.

Malgré ces annonces, les cours des deux références du brut ont dévissé au cours des semaines passées, même s'ils restent au-dessus de la moyenne des cinq dernières années.

La demande apparaît fragile, entre préoccupations autour de l'économie de la Chine, premier importateur de brut au monde dont la reprise post-Covid-19 s'avère beaucoup plus poussive que prévu, et signaux mitigés venant de l'Europe et des Etats-Unis.

Côté offre, la production de brut des Etats-Unis et du Brésil a atteint des niveaux records, provoquant un changement des rapports de force. L'Opep+ "n'a plus la mainmise sur le marché qu'elle avait autrefois", souligne Neil Wilson, analyste chez Finalto.

afp/rp