Berne (awp/ats) - Du gazoil libyen qui aurait été acheté par la société zougoise Kolmar Group grâce à la complicité d'un groupe armé est dans le viseur du Ministère public de la Confédération (MPC). Celui-ci a ouvert une "procédure pénale contre inconnus pour soupçons de crimes de guerre en se livrant au pillage".

En mai 2020, les ONG Public Eye et Trial International avaient déposé une dénonciation pénale pour complicité de pillage contre l'entreprise. Détourné des cuves libyennes, le carburant aurait été transbordé depuis des bateaux de pêche vers des navires affrétés par deux hommes d'affaires maltais dans les eaux internationales, puis acheminé vers Malte. Kolmar Group aurait acheté plus de 50'000 tonnes de ce gasoil entreposé dans les réservoirs de la capitale maltaise entre 2014 et 2015.

Un mois plus tard, la société zougoise avait déposé une plainte pénale pour diffamation auprès de l'autorité bernoise compétente contre les enquêteurs des deux ONG. Elle réfutait fermement les accusations et répétait n'être nullement impliquée dans les prétendues activités illégales.

Outre la dénonciation des ONG, le MPC a reçu entre mai et juin 2020 "une communication du Bureau de communication en matière de blanchiment d'argent évoquant un contexte identique", a indiqué jeudi le MPC à Keystone-ATS, confirmant une information de Gotham City. "Un réseau de contrebande de gasoil maritime issu du pillage de raffineries de pétrole étatique libyen aurait été réalisé entre 2014 et 2015 dans le contexte du conflit libyen."

Après avoir procédé à une analyse préliminaire, les soupçons se sont avérés "suffisants", c'est pourquoi le MPC a ordonné l'ouverture d'une procédure pénale. Celle-ci étant en cours, aucune autre information ne sera donnée en l'état, précise l'autorité. Selon Gotham City, l'enquête a été formellement ouverte en novembre 2020.

ats/buc