* Recul de la confiance des grands industriels pour le 2e trimestre consécutif

* Le moral des industriels devrait se stabiliser

* Solides dépenses en capital prévues pour l'exercice 2018

* Les résultats du "tankan" et l'inflation dans la ligne de mire de la BoJ

par Tetsushi Kajimoto et Stanley White

TOKYO, 2 juillet (Reuters) - La confiance des grands industriels japonais s'est détériorée pour le deuxième trimestre d'affilée sur la période mars-juin, en raison de la montée du protectionnisme américain et de la hausse des coûts des intrants, montre l'étude "tankan" de la Banque du Japon (BoJ) publiée lundi.

"C'est la première fois depuis l'arrivée au pouvoir du Premier ministre Shinzo Abe en décembre 2012, que le moral des industriels se dégrade deux trimestres consécutifs, suscitant des doutes quant aux effets de sa politique de relance de l'inflation ("Abenomics").

Le moral des entrepreneurs du secteur automobile ou de l'énergie a contribué à cette dégradation générale, ajoutant aux craintes que le président américain Donald Trump puisse cibler les importations automobiles japonaises et celles d'autres partenaires commerciaux après avoir imposé des droits de douane sur l'acier et l'aluminium.

Le moral des grands industriels au deuxième trimestre, à +21, est en deçà du consensus des analystes interrogés par Reuters qui le voyaient à +22, et devrait rester stable au cours des trois prochains mois.

Celui des chefs d'entreprise spécialisées dans les services s'est en revanche établi à +24, contre +23 anticipé par le consensus, et +23 au premier trimestre.

L'enquête montre également que les grandes entreprises prévoient d'augmenter leurs dépenses en capital de 13,6% au cours de l'exercice fiscal débutant en avril 2018, un chiffre nettement supérieur aux 9,3% anticipés en moyenne par les analystes.

"Le sentiment des industriels se maintient tandis que les dépenses en capital se stabilisent. J'observe comment les craintes d'un protectionnisme commercial peuvent désormais affecter les prévisions des dépenses d'investissement des entreprises", commente Masaki Kuwahara, économiste chez Nomura Securities.

SOLIDES DÉPENSES EN CAPITAL

Les grands industriels prévoient d'accroître leurs dépenses en capital de 17,9% lors de cet exercice fiscal, la progression la plus forte pour les enquêtes du deuxième trimestre depuis 2015.

Les grandes entreprises de services tablent, elles sur une hausse de 11,2%, soit l'augmentation la plus importante pour ces enquêtes depuis 1990.

Les économistes estiment que les dépenses en capital devraient être soutenues par la nécessité de moderniser les capacités de production et d'investir dans des équipements permettant de faire face aux pénuries de main d'oeuvre et au développement des infrastructures avant les Jeux olympiques de Tokyo en 2020.

Un responsable de la BoJ relève que, si les projets de dépenses d'investissement devraient être solides au début du nouvel exercice fiscal, ils pourraient être revus à la baisse au fil de l'année.

Une enquête Markit/Nikkei, publiée lundi, a fait état d'un ralentissement de l'activité manufacturière au mois de juin et d'une chute plus forte que prévu des commandes nouvelles témoignant des préoccupations liées aux tensions commerciales entre les Etats-Unis et les autres grandes économies mondiales.

PROTECTIONNISME ET YEN INQUIÈTENT

La BoJ va étudier de près les résultats de l'enquête "tankan" au cours de sa réunion monétaire ce mois-ci. Ses neuf membres effectueront un audit trimestriel de la croissance à long terme et des anticipations de hausses de prix.

Les responsables politiques et les entreprises japonaises s'inquiètent également du fait que les frictions commerciales et les gains potentiels sur le yen, valeur refuge, puissent compromettre la croissance tirée par les exportations.

"Certains industriels s'inquiètent du renchérissement du yen et cela pèse sur leur confiance. Les entreprises pourraient s'inquiéter d'un changement de politique monétaire ou d'une hausse du yen en raison de l'aversion au risque des investisseurs", explique Hiroshi Miyazaki, économiste chez Mitsubishi UFJ Morgan Stanley Securities. (Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Juliette Rouillon)