Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris devrait conserver sa confiance la semaine prochaine, confortée par la bonne tenue des indicateurs macroéconomiques, comme ses voisines européennes, même si le retour des incertitudes politiques pourrait venir un peu tempérer cet enthousiasme.

Nous observons "une tendance de fond de la croissance mondiale qui accélère et porte quand même les marchés actions un peu envers et contre tout", observe auprès de l'AFP Marc Riez, directeur général de VEGA IM.

Mais même si la Bourse de Paris a signé lundi à l'ouverture de nouveaux records depuis août 2015, "les craintes politiques reviennent un peu sur le devant de la scène ces derniers jours, à la fois aux Etats-Unis" et en France, où aucun candidat dominant à la présidentielle ne se dégage, a estimé M. Riez.

Des inquiétudes qui "pourraient provoquer la semaine prochaine sans doute une petite poursuite de la correction des marchés actions à laquelle on assiste depuis deux ou trois jours", a estimé M. Riez.

Côté français, "pas mal de gens craignent que les sondages ne sous-estiment très largement le score de Marine Le Pen au premier tour" de l'élection présidentielle, qui aura lieu le 23 avril, a détaillé M. Riez.

"Le risque politique, on en parle beaucoup mais on en voit peu les effets sur les marchés avec une meilleure performance des marchés européens par rapport aux Etats-Unis depuis le début de l'année", a toutefois tempéré Jean-Louis Mourier, un économiste du courtier Aurel BGC, estimant que le pire scénario pour les marchés serait de voir émerger dans les sondages l'hypothèse d'un deuxième tour entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.

Selon M. Riez, les investisseurs s'interrogent également sur la capacité du président américain, Donald Trump, à imposer à son Congrès son programme de relance budgétaire, une mesure largement anticipée par le marché, mais également sur le rythme à laquelle la Réserve fédérale américaine va procéder à la normalisation de sa politique monétaire, alors que ses minutes publiées mercredi laissent entendre que celle-ci pourrait intervenir plus rapidement que prévu.

- Risque politique américain -

On peut "assimiler les hésitations des dernières semaines à un risque politique aux Etats-Unis", a abondé M. Mourier.

Les marchés européens pourraient donc marquer le pas dans une semaine dépourvue de publications majeures, à l'exception de la production industrielle en zone euro en février, et qui sera écourtée par le long week-end de Pâques (ils resteront fermés de jeudi soir jusqu'au mardi matin suivant).

De l'autre côté de la Manche, les investisseurs s'intéresseront surtout aux chiffres d'inflation pour le mois de mars, attendus mardi, tout signe d'une nouvelle poussée des prix pouvant entretenir les craintes d'une érosion du pouvoir d'achat des ménages britanniques.

L'agenda économique allemand était également bien maigre, seule la publication mardi du baromètre ZEW mesurant le moral des milieux financiers étant attendue.

Les investisseurs ont en revanche eu cette semaine de nombreuses données à digérer, en particulier les indices PMI d'activité du secteur privé en zone euro et les créations d'emplois qui ont nettement faibli aux Etats-Unis, selon le rapport officiel publié vendredi, ainsi que les comptes-rendus des dernières réunions de politique monétaire de la Fed et de la BCE.

Les réactions à ces rapports ont été "un peu paradoxales", notamment aux Etats-Unis, où "on a eu une réaction plutôt un petit peu négative de la Bourse à la publication de ces minutes", même si elle est restée modérée, témoignant de la solidité des marchés, estime M. Mourier.

"Il n'y avait pas grand-chose de nouveau puisque (les membres de la Fed) avaient prévenu qu'ils allaient discuter de la future baisse de la taille de leur bilan", la seule vraie surprise étant sur le calendrier de celle-ci puisque "une grande partie des membres du Comité de politique monétaire de la Fed voudrait commencer dès cette année", résume-t-il.

Mais "à partir de la mi-avril et de la fin avril, outre le sujet des élections, on aura les premiers résultats des entreprises européennes (au premier trimestre, NDLR) qui sans doute seront très bons et peuvent redonner une dynamique plus positive", a ajouté M. Riez.

afp/rp