La lire turque est restée stable mardi, après avoir touché un nouveau record à la baisse dans la nuit, tandis que les banquiers ont déclaré que les réserves nettes de la banque centrale avaient marqué leur plus forte augmentation jamais enregistrée la semaine dernière, car elle a cessé d'utiliser les réserves pour soutenir la lire.

La lire a touché un plus bas record de 26,10 contre le dollar tôt mardi pendant les heures de faible liquidité et s'est ensuite raffermie jusqu'à 25,55. Mais elle a ensuite abandonné ces gains pour s'établir à 26,03 à 0857 GMT, par rapport à une clôture de 26,05 lundi.

La monnaie s'est affaiblie de 28% cette année, en grande partie après la réélection fin mai du président Tayyip Erdogan, qui a depuis fait marche arrière sur ses années de politique économique peu orthodoxe.

Dans le cadre de cette réorientation politique, la banque centrale a cessé d'utiliser ses réserves pour contrer la demande de devises et soutenir la lire. Ses réserves nettes ont atteint le mois dernier un niveau historiquement bas de 5,70 milliards de dollars, après un déclin de plusieurs années.

Quatre banquiers ont calculé que les réserves nettes de change de la banque centrale avaient augmenté d'environ 8,5 milliards de dollars la semaine dernière, pour atteindre environ 9 milliards de dollars, ce qui constituerait la plus forte hausse hebdomadaire jamais enregistrée.

La plus forte hausse hebdomadaire des réserves internationales nettes a été enregistrée en février 2002, avec 8,2 milliards de dollars.

Les réserves totales de la banque devraient également avoir augmenté d'environ 4,5 milliards de dollars pour s'établir à environ 107,5 milliards de dollars au 23 juin.

La semaine dernière, la banque centrale a relevé son taux directeur de 650 points de base, ce qui constitue le signal le plus fort d'un retour à l'orthodoxie, après des années de politique laxiste malgré une inflation galopante sous Erdogan.

L'augmentation a été plus faible que prévu, ce qui a conduit certains analystes à soupçonner que le nouveau gouverneur de la banque centrale, Hafize Gaye Erkan, un ancien banquier de Wall Street, pourrait avoir une marge de manœuvre limitée sous Erdogan.

La banque a également annulé certaines mesures macroprudentielles mises en œuvre ces dernières années dans le cadre de ses objectifs de "liraisation".

L'inflation a bondi après la crise monétaire de la fin de l'année 2021, déclenchée par les baisses de taux que M. Erdogan avait réclamées, estimant que les taux d'intérêt étaient à l'origine de l'inflation. L'inflation annuelle a atteint un pic de 85,51 % en octobre, en 24 ans, avant de s'atténuer.

L'inflation mensuelle a été estimée à 4,84 % en juin, même si l'on s'attend à ce que l'inflation annuelle diminue légèrement pour atteindre 39,47 %, selon un sondage Reuters.