En temps normal, on imaginerait mal Donald Trump renoncer à tout ou partie des surtaxes douanières qu'il a imposées à la Chine et à d'autres pays. Mais la pandémie de coronavirus changera-t-elle la donne ? C'est la question qui commence à se poser dans les hautes sphères américaines, selon les dernières rumeurs en circulation.

Après tout, un accord initial a été trouvé avec la Chine. Certes, Donald Trump a bien prévenu que cet accord ne servira à rien si le point d'étape suivant n'est pas atteint. Mais le Président américain, chahuté pour sa gestion de la crise, a peut-être là un moyen de redorer son blason. Et dans la stratégie trumpienne, la fin justifie les moyens.

Les partisans d'une réduction des droits de douane arguent qu'il s'agit d'un bon moyen pour desserrer l'étau sur les entreprises et sur les consommateurs américains. Des droits de douane allant jusqu'à 25% subsistent sur des marchandises représentant quelque 370 Mds$ d'échanges annuels. En face, les Américains qui exportent en Chine subissent aussi des surtaxes. "Il s'agit d'une taxe qui relève entièrement des autorités du pouvoir exécutif, de sorte qu'elles peuvent très rapidement accorder aux entreprises et aux consommateurs américains une réduction d'impôt en supprimant les droits de douane en vigueur", a indiqué la Démocrate Stephanie Murphy à Reuters, après avoir dès mercredi interpelé le représentant américain au commerce Robert Lighthizer sur ce point. Mais ce dernier "n'a pas été réceptif".

Le US-China Business Council fait également pression pour que la Chine et les États-Unis réduisent leurs droits de douane afin d'aider les deux économies à résister aux pressions du coronavirus. C'est un "défi commun", a déclaré le président de l'USCBC, Craig Allen.

Dans cette année électorale 2020, Donald Trump a vu une partie de des acquis qu'il se plaît à marteler ruinés : Wall Street a peur et les projections de croissance se détériorent. La Maison Blanche a en outre déjà fait un gros effort en faveur des entreprises en réduisant nettement les taxes. La marge de manœuvre s'est donc réduite alors que les déficits américains gonflent.

Lundi, l'Association Nationale des Producteurs américaines (NAM) a publié un plan d'action contre les coronavirus qui exhorte l'administration à "élaborer une liste ciblée de produits pour lesquels les droits de douane de la section 301 et les droits de rétorsion peuvent être suspendus ou supprimés afin de stimuler la croissance économique et la création d'emplois". Steven Mnuchin a déclaré aux parlementaire la semaine dernière que les réductions de taxes douanières n'étaient pas, alors, envisagées. "Nous examinerons toutes les options qui nous semblent importantes" si la situation évolue, a toutefois ajouté le Secrétaire au Trésor. Peter Navarro, farouchement anti-Pékin, a nié l'existence d'une réflexion. "Il s'agit simplement d'une fake news des suspects habituels de Wall Street qui sont prêts à délocaliser n'importe quel emploi des Etats-Unis du moment que ça leur rapporte un dollar", a-t-il déclaré. Ceci dit, même les économistes qui sont favorables à la suppression des droits de douane doutent que cela aura un effet à court terme. A moins que l'effet psychologique ne prime sur le reste ?