(Actualisé avec paragraphes sur l'Espagne et le Texas)

* Gel des embauches financières, une équipe en moins dans une usine

* Réunion du comité exécutif du conseil mercredi-source

* Enquête externe par un cabinet américain-source

par Andreas Cremer

BERLIN, 30 septembre (Reuters) - Volkswagen a imposé un gel des embauches chez sa division financière et a supprimé une équipe dans l'une de ses usines de moteurs, le constructeur automobile commençant déjà à se préparer aux répercussions néfastes pour ses affaires du scandale des tests d'émissions polluantes détournés.

Des responsables de VW examineront dans la soirée de mercredi les premiers résultats d'une enquête interne sur la plus grave crise qu'ait jamais subi le groupe allemand, a dit à Reuters une source proche du dossier.

Réuni au siège de Wolfsburg, le comité exécutif du conseil de surveillance se penchera également sur les préparatifs à engager en vue d'une enquête externe qui sera assurée par le cabinet d'avocats américain Jones Day et dont l'un des experts participera à la réunion, a ajouté la source.

Les investisseurs considèrent que cette enquête externe revêt une importance particulière compte tenu des liens étroits de Matthias Müller, le président du directoire de Volkswagen, et du président désigné Hans Dieter Pötsch avec le clan Piëch-Porsche qui contrôle le premier constructeur européen.

Ce dernier a admis avoir employé un logiciel permettant de fausser les test d'émissions aux Etats-Unis et le ministère des Transports allemand a fait savoir que la manipulation de ces tests s'était également produite en Europe.

Sa division VW Financial Services, qui prête aux acheteurs d'automobiles et propose du crédit-bail aux sociétés gérant des flottes, a dit mercredi que les embauches seraient gelées jusqu'à la fin de l'année. A l'usine Salzgitter, VW a supprimé une équipe hebdomadaire qu'il avait auparavant mise en place pour faire face à la demande.

Matthias Müller, qui a succédé à Martin Winterkorn à la présidence du directoire vendredi dernier, s'est juré de trouver les responsables et de créer une nouvelle culture d'entreprise.

"Ceux qui ont laissé faire ou qui ont pris la décision d'installer ce logiciel ont agi de façon criminelle. Ils doivent personnellement en assumer la responsabilité", a déclaré à la BBC Olaf Lies, membre du conseil de surveillance en tant que représentant du Land de Basse-Saxe, où se trouve le siège de VW.

Winterkorn, qui a présidé aux destinées de Volkswagen pendant près de neuf ans, fait l'objet d'une instruction en Allemagne pour fraude présumée. Le groupe a suspendu trois responsables lundi et, selon deux sources proches du dossier, le responsable de la communication Stephan Grühsem devrait démissionner.

"VW NE SERA PLUS LE MÊME"

En France, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a ouvert une enquête pour déterminer si Volkswagen a manipulé ses émissions polluantes en France, comme il l'a fait aux Etats-Unis, a-t-on appris mercredi auprès de Bercy.

VW a annoncé lui-même mercredi que 946.092 véhicules de quatre marques du groupe étaient concernés en France par la présence du logiciel incriminé.

En Grande-Bretagne, ce nombre est de 1,2 million, selon la filiale locale de VW, et en Espagne, 683.626 véhicules sont concernés.

Enfin, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a dit que les aides publiques pour l'achat de véhicules Volkswagen présentés comme propres devraient être remboursées.

Le comté texan de Harris, qui comprend la ville de Houston, a annoncé qu'il poursuivait Volkswagen pour infraction aux réglementations locales de l'environnement, réclamant 25.000 dollars de dommages et intérêts par infraction et par jour. Une porte-parole de VW s'est abstenu de tout commentaire.

L'affaire Volkswagen est très embarrassante pour l'Allemagne, qui avait fait du groupe de Wolfsburg la figure de proue du savoir faire technologique national et qui avait étouffé toute velléité européenne de réformer la structure de son actionnariat.

L'industrie automobile emploie plus de 750.000 personnes en Allemagne et si le ministre de l'Economie Wolfgang Schäuble a déclaré mercredi que le scandale ne constituait pas un danger pour l'économie allemande, il n'en a pas moins ajouté qu'"en définitive, VW ne sera plus le même; il y aura beaucoup de changements d'un point de vue structurel". (Avec les bureaux de Reuters en Europe, Wilfrid Exbrayat pour le service français)