par Chang-Ran Kim

Le premier constructeur automobile mondial, qui a dû gérer les conséquences d'un rappel massif de véhicules à l'international, prévoit aussi de ramener le nombre des membres de son conseil d'administration de 27 à 11 d'ici juin. Il s'agit d'accélérer la prise de décision au sein du groupe.

Toyota veut améliorer sa rentabilité, plus faible que celle du numéro deux japonais Nissan et du numéro trois Honda.

Dans le cadre de sa nouvelle stratégie, baptisée "Vision mondiale", Toyota dit viser un bénéfice d'exploitation de 1.000 milliards de yens (8,7 milliards d'euros) et une marge bénéficiaire de 5%. Toyota n'a pas dit à quel horizon s'appliquaient les nouveaux objectifs.

Pour l'exercice 2010-2011 qui sera clos fin mars, le groupe devrait avoir affiché un profit de 550 milliards de yens et une marge d'exploitation de 2,9%.

"C'est peut-être un objectif ennuyeux, mais je veux que nous soyons une société capable de gagner de l'argent, payer des impôts et assurer l'emploi dans n'importe quelles circonstances difficiles", a déclaré le patron de Toyota Akio Toyoda, lors d'une conférence de presse.

Toyoda espère vendre au total 10 millions de véhicules à l'horizon 2015, camions Hino compris, contre 8,4 millions en 2010.

LES VOLUMES, PAS LE PLUS IMPORTANT

La "Vision mondiale" de Toyota prévoit aussi le lancement d'une dizaine de modèles hybrides supplémentaires d'ici 2015. Toyota, dont les activités au Japon sont déficitaires, souhaite que les pays émergents représentent la moitié de son chiffre d'affaires sur cet horizon, contre 40% actuellement.

La Chine à elle seule représentera 15% du chiffre d'affaires total, a précisé Akio Toyoda lors de la conférence de presse.

Il a estimé qu'une marge d'exploitation de 5% était le minimum requis pour une croissance durable.

Depuis sa prise de fonction en juin 2009 dans la foulée de la crise financière mondiale, Akio Toyoda, petit-fils du fondateur du groupe, a souvent insisté sur la nécessité de revenir aux fondamentaux, à savoir "fabriquer de meilleures voitures et contribuer à la société".

Cette vision est devenue directive avec le rappel de millions de véhicules, principalement pour des accélérations intempestives, qui a porté un coup à l'image du constructeur, jusqu'ici sans tache. Le groupe a rappelé près de 20 millions de véhicules dans le monde depuis 2009.

L'action Toyota a gagné 13% ces trois derniers mois, surperformant ses concurrents. "Il semble que le groupe rattrape Nissan et Honda en terme de redressement de la rentabilité", commente Makoto Kikuchi, chez Myojo Asset Management Japan. "Il est clair que la plus grave erreur de Toyota a été de produire trop. La question est de savoir comment Toyoda va résoudre cela", ajoute-t-il.

Sous la direction d'Akio Toyoda, le groupe s'est éloigné d'un modèle stratégique pensé en termes d'objectifs de parts de marché, moteur principal de sa croissance durant la dernière décennie.

Akio Toyoda, et d'autres avec lui, ont blâmé cette croissance échevelée comme une des explications aux rappels massifs de véhicules. Mercredi il a souligné que l'objectif de 10 millions de véhicules n'était pas le plus important.

L'action Toyota a fini en hausse de 0,4% avant l'annonce officielle de la nouvelle stratégie, dans un marché en hausse de 0,6%.

Avec Tim Kelly à Tokyo et Ploy Ten Kate, Danielle Rouquié pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat