A l'appel de la CGT, syndicat majoritaire chez Total, les six raffineries françaises du groupe pétrolier ont cessé leur production et la grève pourrait s'étendre à des raffineries détenues par d'autres entreprises.

Total veut réduire ses capacités de raffinage, ce qui pourrait passer, outre la fermeture de la raffinerie de Dunkerque, par la vente de celle de Lindsey, en Grande-Bretagne, ont déclaré des sources industrielles à Reuters.

Un responsable CGT a fait part d'un engagement de Total d'investir dans ses raffineries, sans mentionner Dunkerque.

"La direction est prête à s'engager à présenter un plan d'investissement sur cinq ans avec aucune réduction de capacités sur cette période, ni de vente ou de fermeture de raffinerie", a dit à la presse Charles Foulard.

Le ministre de l'Industrie a précisé que le groupe ne s'était pas engagé à maintenir la raffinerie de Dunkerque.

"Il a été décidé par Total qu'un engagement ferme maintiendrait toutes les raffineries, à part Dunkerque, en exercice pour les cinq ans qui viennent", a dit Christian Estrosi lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

Il s'exprimait après que Nicolas Sarkozy a reçu le directeur général de Total, Christophe de Margerie, pour lui demander, selon le porte-parole du gouvernement Luc Chatel, de tels engagements sur le maintien des capacités de raffinage.

RÉDUCTION DES CAPACITÉS

Christian Estrosi a également annoncé qu'une table ronde sur l'énergie serait organisée par le gouvernement au deuxième trimestre 2010, ce qui était une demande des syndicats.

"Il n'y aura pas d'appel à la reprise du travail tant que le gouvernement ne se sera pas engagé à conduire une table ronde sur l'avenir du raffinage", avait ainsi déclaré Charles Foulard.

Total n'a pas immédiatement confirmé ces informations, mais un porte-parole a dit : "Nous avons remis un texte qui contient huit propositions sur lesquelles chacune des deux parties va continuer de travailler. Les avancées sont très importantes."

Le ministre de l'Energie, Jean-Louis Borloo, a assuré mardi qu'il n'y avait aucun risque de pénurie dans l'immédiat, et précisé que la France disposait d'une "dizaine de jours" de stocks de sécurité.

"A cette heure-ci, il n'y a pas de risque de pénurie, nous avons (...) un peu plus d'une centaine de stations qui sont à sec sur un peu plus de 2.000", a-t-il dit sur Europe 1.

Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip, qui est adhérente du Medef) a lui aussi assuré mardi que la France ne risquait pas la pénurie, rappelant l'existence de stocks "stratégiques" de l'Etat.

Ils sont réservés aux cas de guerre ou de crise grave.

Des sources industrielles ont déclaré à Reuters que Total s'apprêtait à vendre sa raffinerie de Lindsey, en Grande-Bretagne, qui produit 223.000 barils par jour.

Selon ces sources, la vente de cette raffinerie et la fermeture de celle de Dunkerque devraient permettre au groupe d'atteindre son objectif de réduire ses capacités de production de 500.000 barils par jour entre 2007 et 2011.

Total a avancé du 29 au 8 mars le comité central d'entreprise extraordinaire qui doit décider de l'avenir de la raffinerie de Dunkerque.

Les syndicats font remarquer que le groupe fait d'importants bénéfices, près de 14 milliards d'euros en 2008 et près de huit milliards d'euros l'année dernière.

Muriel Boselli, Mathilde Cru et Emmanuel Jarry, édité par Jean-Baptiste Vey