Les salariés des sites en grève du groupe décideront mercredi de poursuivre ou non le mouvement commencé mercredi dernier, qui menaçait le pays d'une pénurie de carburant à brève échéance.

Total s'est engagé mardi à ne fermer aucune raffinerie française dans les cinq ans, autre que celle de Dunkerque, menacée de fermeture et dont l'avenir sera décidé le 8 mars lors d'un comité central d'entreprise extraordinaire.

A l'appel de la CGT, majoritaire chez Total, les six raffineries françaises du groupe ont cessé leur production.

"La CGT considère que des avancées significatives obtenues par la mobilisation des salariés crée les conditions d'une suspension", a dit à la presse Charles Foulard, coordinateur du syndicat pour Total, après la réunion avec la direction.

"Il aura fallu en arriver là, menacer la France d'une pénurie de carburant pour que le groupe Total (...) arrive au bout de neuf heures de négociation à faire enfin des propositions et surtout des engagements", a-t-il ajouté.

La CGT et le gouvernement avaient auparavant fait part d'un engagement de Total d'investir dans ses raffineries française.

RÉDUIRE LES CAPACITÉS

Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, a ainsi déclaré lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale qu'"il a été décidé par Total qu'un engagement ferme maintiendrait toutes les raffineries, à part Dunkerque, en exercice pour les cinq ans qui viennent".

Charles Foulard avait pour sa part dit que "la direction est prête à s'engager à présenter un plan d'investissement sur cinq ans avec aucune réduction de capacités sur cette période, ni de vente ou de fermeture de raffinerie", sans toutefois citer Dunkerque.

Nicolas Sarkozy a reçu mardi le directeur général de Total, Christophe de Margerie, pour lui demander, selon le porte-parole du gouvernement Luc Chatel, des engagements sur le maintien des capacités de raffinage.

Christian Estrosi a également annoncé qu'une table ronde sur l'énergie serait organisée par le gouvernement au deuxième trimestre 2010, ce qui était une demande des syndicats.

Concernant le site de Dunkerque, Total a répété mardi qu'il garantirait "à chaque collaborateur un emploi chez Total correspondant à ses compétences" et qu'il s'engageait à "assurer au sein du groupe la pérennité de l'établissement".

Le ministre de l'Energie, Jean-Louis Borloo, a assuré qu'il n'y avait aucun risque de pénurie dans l'immédiat et précisé que la France disposait d'une "dizaine de jours" de stocks.

Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip, qui est adhérente du Medef) a lui aussi assuré mardi que la France ne risquait pas la pénurie, rappelant l'existence de stocks "stratégiques" de l'Etat, théoriquement réservés aux cas de crise grave.

Total veut réduire ses capacités de raffinage, ce qui pourrait passer, outre la fermeture de la raffinerie de Dunkerque, par la vente de celle de Lindsey, en Grande-Bretagne, ont déclaré des sources industrielles à Reuters.

Selon ces sources, la vente de cette raffinerie, qui produit 223.000 barils par jour, et la fermeture de celle de Dunkerque devraient permettre au groupe d'atteindre son objectif de réduction de ses capacités de production de 500.000 barils par jour entre 2007 et 2011.

Les syndicats font remarquer que le groupe fait d'importants bénéfices, près de 14 milliards d'euros en 2008 et près de huit milliards d'euros l'année dernière.

Muriel Boselli, Mathilde Cru et Emmanuel Jarry, édité par Jean-Baptiste Vey