(Actualisé avec réactions et précisions)

PARIS, 22 août (Reuters) - Le gouvernement français a annoncé mercredi une petite baisse à venir des taxes sur les carburants pour limiter l'impact de la flambée actuelle des prix sans aller cependant jusqu'au blocage envisagé par François Hollande lors de la campagne électorale.

A une semaine d'une table ronde organisée avec les acteurs du secteur pétrolier - producteurs et distributeurs - au ministère de l'Economie et des Finances, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a souligné que cette baisse serait "modeste et provisoire", en attendant la mise en place d'un mécanisme de régulation des prix.

Le gouvernement demandera parallèlement aux producteurs et distributeurs, déjà mis à contribution dans la loi de finances rectificative votée fin juillet, d'assumer "leur propre part de l'effort".

Le président de l'Union française des industries pétrolières, Jean-Louis Schilansky, s'est félicité d'une annonce qui va dans le bon sens au moment où le litre d'essence à la pompe dépasse en certains endroits la barre des deux euros.

Mais il a souligné qu'elle pourrait coûter cher aux finances publiques déjà mises à mal par la conjoncture.

"On avait dit depuis le début que pour atténuer l'augmentation des prix des carburants, il fallait d'abord jouer sur les taxes, le gouvernement reconnaît cette réalité", a-t-il déclaré à Reuters.

Mais "un centime d'euro du litre sur la TICPE, c'est 500 millions d'euros par an, donc ça va très vite", par exemple 125 millions par trimestre, a-t-il ajouté. (voir )

La TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, ex-TIPP) est la principale taxe en France sur les carburants, qui représentent en moyenne 47% du prix du gazole et 55% du prix du sans-plomb à la pompe.

"MARCHÉ DE DUPES"

L'opposition a tiré à boulets rouges sur la décision du gouvernement, l'ancienne ministre du Budget Valérie Pécresse parlant d'un "marché de dupes pour les Français."

"Si Jean-Marc Ayrault baisse les taxes sur les carburants, il faudra bien qu'un autre contribuable paye pour que le déficit budgétaire ne s'aggrave pas (...) donc en réalité on reprendra d'une main ce qu'on donne de l'autre", dit-elle dans un communiqué.

Le président UMP de la commission des finances du Sénat, Philippe Marini, déplore de son côté un "pilotage à vue" du gouvernement. "Si la baisse est 'modeste', le consommateur s'en rendra-t-il compte ? Si elle est 'provisoire', que se passera-t-il lorsque les règles du marché reprendront leurs droits ?", a-t-il demandé.

La contribution demandée au secteur pétrolier devrait être évoquée lors de la table ronde du 28 septembre à Bercy. Le ministre de l'Economie et des Finances aura reçu auparavant, ce vendredi, un rapport de l'Inspection générale des finances et du Conseil général des mines sur les prix de la filière pétrolière et rencontrera ensuite les associations de consommateur, le lundi 27, pour évoquer le sujet.

Les acteurs de l'industrie pétrolière devront déjà s'acquitter cette année d'une taxe exceptionnelle de 550 millions d'euros votée dans le cadre de la loi de finances rectificative de fin juillet. La somme est quasiment équivalente à la marge nette réalisée par le secteur en 2011, selon l'Ufip. (Jean-Baptiste Vey et Marion Douet, édité par Yann Le Guernigou)