par Kevin Drawbaugh

De la crise des "subprimes" (crédits hypothécaires bon marché) à l'escroquerie échafaudée par Bernard Madoff, le système financier est en crise et ses détracteurs tirent à boulets rouges sur les "bureaucrates" de l'administration fédérale censés diriger l'économie, faire la police à Wall Street et protéger les investisseurs.

Ces régulateurs fédéraux aux sigles familiers - Fed, Trésor, SEC - sont dans le collimateur des réformateurs qui parlent à leur propos de fermetures, de fusions ou d'une redéfinition de leur mission.

"Il va y avoir de grands bouleversements", prédit Norman Ornstein, chercheur à l'Institut américain de l'entreprise (AEI), un centre de réflexion réputé de Washington.

Le président élu a d'ores et déjà désigné les nouveaux responsables de trois institutions-clés dans le domaine de la finance - le Trésor, la SEC ("gendarme" de Wall Street) et la Commission du commerce des matières premières à terme (CFTC).

Il s'est prononcé pour l'adoption de "nouvelles règles du jeu de bon sens censées protéger les investisseurs, les consommateurs et l'ensemble de l'économie contre les fraudes et manipulations de quelques uns".

Pour Norman Ornstein, "tout indique qu'on s'achemine vers une période d'activisme entièrement nouvelle et différente".

"PARACHUTES DORÉS"

L'an dernier, en l'espace de quelques mois et à la faveur de la crise, l'équilibre du pouvoir au sommet de l'économie financière est apparemment passé des "ploutocrates" de New York aux politiques de Washington.

Les Américains confrontés à la récession se souviennent des années passées ponctuées de scandales financiers et de confortables "parachutes dorés" pour une élite de cadres d'entreprise apparemment détachée des réalités économiques.

Le gouvernement va renforcer de manière significative son emprise sur l'économie, en s'appuyant peut-être mieux qu'auparavant sur les 15.000 employés fédéraux qui travaillent dans sept institutions chargées de superviser ce secteur.

Déjà, en renflouant les financiers milliardaires qui ont précipité le système financier au bord de l'abîme, l'administration Bush et le Congrès sortant ont donné à tous les contribuables américains leur mot à dire dans le secteur financier et sa régulation.

Des géants de la banque jadis emblématiques du capitalisme débridé tel que Goldman Sachs demandent aujourd'hui à se transformer en holdings bancaires beaucoup plus régulés.

Version française Jean-Loup Fiévet