Les dirigeants politiques et économiques du monde entier se réunissent cette semaine dans la station balnéaire suisse de Davos, dans un contexte géopolitique complexe marqué par la guerre, des changements tectoniques dans la politique monétaire, le changement climatique et une année électorale incertaine.

L'économie mondiale semble éviter la récession pour l'instant, mais un test décisif se profile pour la Chine avec les chiffres du PIB, tandis que les données sur les ventes au détail aux États-Unis jetteront un éclairage sur ses perspectives pour 2024.

Kevin Buckland à Tokyo, Li Gu à Shanghai, Ira Iosebashvili à New York, Karin Strohecker, Stefania Spezzati et Amanda Cooper à Londres vous donnent un aperçu de la semaine à venir sur les marchés mondiaux.

1/ DES DIFFICULTÉS CROISSANTES

Mercredi, avec la publication des chiffres du PIB pour l'ensemble de l'année, on saura à quel point la Chine s'est rapprochée de l'objectif officiel d'une croissance de 5 % ou plus pour 2023.

Le fait que la Chine ait atteint son objectif n'est pas vraiment en cause. Le problème est de savoir comment faire de même cette année, si Pékin suit ses conseillers et maintient l'objectif inchangé. Contrairement à l'année dernière, il n'y a pas d'effondrement de l'indice COVID 2022 pour flatter le résultat.

Un indice de ce que Pékin a prévu est venu d'un fonctionnaire clé de la banque centrale, qui a été rapporté par les médias d'État comme disant que les outils politiques seraient utilisés pour soutenir une croissance raisonnable du crédit.

Les rendements des obligations d'État chinoises se sont rapprochés de leur plus bas niveau depuis près de quatre ans et le yuan a rebondi sur son plus bas niveau depuis un mois, après que la banque centrale a laissé son taux d'intérêt à moyen terme inchangé lundi, contrairement aux attentes d'une réduction.

2/ DAVOS

La 54ème réunion annuelle du Forum économique mondial débute dans la station de ski suisse de Davos. Les banquiers centraux, les financiers et les chefs d'entreprise discuteront d'une situation économique mondiale difficile, de l'évolution de la politique monétaire et de l'augmentation des niveaux d'endettement.

Ils tenteront de trouver des réponses sur la manière de naviguer dans un cadre géopolitique complexe qui comprend la guerre en Ukraine et à Gaza. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken, le président français Emmanuel Macron et les principaux dirigeants du Moyen-Orient devraient y participer.

L'un des événements clés est la réunion à huis clos des gouverneurs des services financiers du 17 janvier, qui rassemblera 100 présidents et PDG de banques, de marchés, d'assurances et de gestion d'actifs.

Une enquête distincte publiée par le WEF a montré que les spécialistes du risque considéraient les conditions météorologiques extrêmes et la désinformation comme les plus susceptibles de déclencher une crise mondiale au cours des deux prochaines années.

3/ LA MANIE DES ÉLECTIONS

Les électeurs taïwanais ont porté au pouvoir samedi le candidat présidentiel du Parti démocrate progressiste (DPP), Lai Ching-te, rejetant fermement les pressions chinoises visant à l'écarter, alors que la Chine a déclaré qu'elle ne renoncerait pas à réaliser la "réunification".

Cet événement géopolitique à fort enjeu marque le début d'une des années électorales les plus chargées qui soient : des pays représentant plus de 60 % de la production économique mondiale et plus de la moitié de sa population organisent des élections cette année.

Les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Russie, l'Afrique du Sud, l'Inde et l'Indonésie ne sont que quelques-uns des plus de deux douzaines de pays qui organisent des élections nationales.

Le calendrier électoral chargé a alimenté les craintes que la volatilité des marchés financiers ne monte en flèche et que la discipline budgétaire ne soit menacée, alors que les perspectives de croissance s'assombrissent et que l'endettement atteint des sommets.

4/ FAIRE LE TOUR DU MARCHÉ

La santé des consommateurs américains sera sous les feux de la rampe, à travers les données sur les ventes au détail et les bénéfices des banques.

Les chiffres des ventes au détail du 17 janvier devraient donner un aperçu des dépenses de consommation et témoigner de la résilience de l'économie américaine face aux 525 points de base d'augmentation des taux de la Réserve fédérale depuis 2022.

Des signes indiquant que les consommateurs pourraient se replier pourraient saper les attentes d'un atterrissage en douceur de l'économie qui a contribué à faire grimper les actions de 24 % l'année dernière. Les économistes interrogés par Reuters s'attendent à ce que les ventes au détail augmentent de 0,3 % en décembre, ce qui correspond à la hausse de novembre.

Les investisseurs sont également impatients d'entendre ce que les grandes institutions financières disent à propos des consommateurs et de leurs propres activités, Goldman Sachs et Charles Schwab ayant tous deux publié un rapport.

5/ INFLATION BRITANNIQUE

La prochaine série de données sur les prix à la consommation au Royaume-Uni pourrait être exactement ce que les responsables de la Banque d'Angleterre et les politiciens espèrent : une baisse suffisamment importante pour déclarer la victoire dans la guerre contre l'inflation.

Avec une inflation globale de 3,9 %, le Royaume-Uni ne semble plus être une exception par rapport aux autres pays développés, ce qui est une bonne nouvelle pour un gouvernement qui devrait organiser des élections générales dans le courant de l'année.

Les pressions habituellement plus fortes sur les prix, telles que celles qui s'exercent sur les services et les salaires des travailleurs, s'atténuent, mais seulement de façon marginale. La hausse de près de 21 % de l'inflation depuis 2020 reste supérieure à celle de toutes les autres économies du G7 et constitue la plus forte augmentation en Europe occidentale.

La livre sterling a connu un début d'année relativement ferme, soutenue par une hausse des rendements des obligations d'État britanniques. Une baisse de l'inflation le 17 janvier pourrait s'avérer un développement indésirable pour les partisans de la livre sterling.