Un débit Internet 25 000 fois plus rapide qu'une connexion 4G, des moteurs incroyablement sobres des horloges à la précision diabolique... Toujours plus vite, plus loin, plus petit. Les chercheurs poussent la technologie à des niveaux qu'on peine à mesurer. Retrouvez les 100 records dans Enjeux Les Echos, juillet-août 2015.

603 Km/h, le train japonais Maglev est le plus rapide au monde.

En brisant le mur des 600 km/h, il perpétue une vieille tradition de records du rail. Retrouvez les 100 records dans Enjeux Les Echos, juillet-août 2015. 603 km/hC'est avec une fierté toute japonaise que le porte-parole de la compagnie Central Japan Railway a qualifié de «première mondiale» les 603 km/h tenus, le 21 avril dernier, pendant dix secondes par son Maglev sur une ligne expérimentale. Record atteint par un prototype de train à sustentation magnétique qui glisse au-dessus de la voie maintenu par la seule force d'aimants. Et le symbole d'une inextinguible quête du Graal par les chevaliers du rail depuis les 4 km/h atteints en 1804 par une locomotive à vapeur ou les 48 km/h de la Rocket des frères Stephenson en 1829...Gravés dans la mémoire culturelle depuis L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat des frères Lumière, il y a cent vingt ans, jusqu'à La Bête humaine - version Zola pour les littéraires ou Renoir et Gabin pour les cinéphiles -, la vapeur et le charbon ont longtemps régné sans partage, avant que l'électricité prenne le relais. Certes, quelques technologies originales ont bien tenté de se glisser dans le jeu, comme cet autorail thermique allemand à hélice (231 km/h, 1931), cet engin français propulsé sur rail par un missile (328 km/h, 1952) ou l'aérotrain à coussin d'air et rail central de l'ingénieur Bertin mû par un turboréacteur (422 km/h, 1969). Mais l'électricité l'a emporté comme carburant des records et des réseaux commerciaux. Avant le Maglev japonais, encore expérimental, le TGV français (574,8 km/h, 2007) a ainsi prouvé par ses fantastiques vitesses de pointe le potentiel marchand de la très grande vitesse. Prochaine frontière: des «capsules» propulsées dans des tubes sous vide (ou quasi), comme dans le film Kingsman de Matthew Vaughn. Peut-être à la vitesse finalement «modeste» de 1000 km/h, avec l'Hyperloop du milliardaire américain Elon Musk (qui a déjà fait preuve de sa détermination avec SpaceX ou Tesla...). Ou carrément à 6500 km/h comme le prétend Daryl Oster, zélateur avisé de ces technologies. Utopique ?

42,2 km : le rover Opportunity sillonne toujours Mars. A la clé, une belle moisson d'informations sur la planète rouge.

Le petit robot Philae, premier véhicule à s'être posé sur une comète après un voyage de plusieurs milliards de kilomètres, a éclipsé une autre performance: celle du rover Opportunity de la Nasa, parti de Terre en 2003, qui crapahute sur Mars depuis plus de dix ans pour analyser roches et sols! En juillet 2014, Opportunity avait battu le record officieux des 40 km martiens du Lunokhod soviétique lancé en 1973. Et il a atteint 42,2 km en février dernier. «Il ne devait initialement rouler qu'un kilomètre!» assurait John Callas, de la Nasa, il y a un an. Le bilan scientifique est aussi impressionnant. C'est notamment grâce à lui qu'on sait que l'eau a coulé en abondance sur Mars, il y a bien longtemps.

3,3 millions d'années : les premiers outils des hominidés sont bien plus anciens qu'on ne le pensait.

C'est un bond 700000 ans en arrière que des chercheurs du CNRS, de l'Inrap et de l'université de Poitiers viennent de faire faire aux premiers outils de pierre taillée connus à ce jour. Ils ont découvert, près du lac Turkana (nord du Kenya), de gros blocs de lave vieux de 3,3 millions d'années qui auraient servi d'enclumes pour produire les éclats tranchants de pierre trouvés à côté. Les précédents outils, âgés de 2,6 millions d'années, avaient été identifiés en Ethiopie. On pensait donc jusqu'à présent que la capacité à les fabriquer était l'apanage du genre Homo, contemporain du pliocène (2,8 millions d'années). Cette découverte serait la preuve qu'une espèce d'hominidés antérieure - des australo­pithèques, apparus il y a 4,5 millions d'années - était déjà capable de performances cognitives et motrices suffisamment élaborées pour réussir ce genre de travaux manuels.

25000 fois plus vite que la 4g : la 5G promet des connexions ultrarapides. De quoi révolutionner l'industrie des mobiles.

Des débits sans fil proches de ceux d'une fibre optique. C'est peu ou prou l'exploit réalisé en février 2015 par des chercheurs du centre d'innovation (5GIC) de l'université du Surrey, en Angleterre. Ils ont dépassé le térabit/s, soit le téléchargement d'une petite trentaine de DVD en une seconde! Certes, il ne s'agit que d'une liaison opérée sur une centaine de mètres, avec des émetteurs et des récepteurs sur mesure. Aucune démonstration publique n'est prévue avant 2018, a précisé le directeur du 5GIC, Rahim Tafazolli. Le coréen Samsung, très en pointe lui aussi dans la 5G, avait atteint «seulement» 7,5Gbit/s il y a quelques mois. Même si aucun standard international n'a encore été fixé et si aucun déploiement n'est envisagé avant 2020, la preuve - expérimentale - est ainsi faite du potentiel de la 5G.

A -273,144 °c, on frôle le zéro absolu. Pour mieux connaître les phénomènes fondamentaux de la matière.

400 kg de cuivre refroidis quasiment au zéro absolu (à 0,006 °C près), c'est-à-dire la température théorique la plus basse possible: l'exploit a été accompli par une équipe de physiciens engagés dans le projet Cuore (Cryogenic Underground Observatory for Rare Events), des Laboratori nationali del Gran Sasso, à Rome. Si des températures encore plus basses ont déjà été obtenues, il s'agissait d'objets nano­scopiques. Là, c'est un objet massif: un détecteur de particules (enfoui à 1400 mètres de profondeur) conçu pour élucider certains mystères du comportement des particules élémentaires, en particulier de la désintégration nucléaire (la radioactivité). A ces températures extrêmes, les particules sont en effet comme gelées, ce qui permet de «voir» des réactions habituellement inaccessibles. Originalité: les chercheurs ont isolé l'appareil avec 270 lingots de plomb... repêchés dans l'épave d'un navire coulé il y a 2000 ans! Un temps suffisant pour qu'il soit lui-même purgé de sa radioactivité et ne perturbe pas les mesures.

17 nouveaux médicaments destinés au maladies rares. L'Agence européenne du médicament a multiplié la validation de traitements innovants.

De quatre en 2010 à dix-sept en 2014 : la croissance du nombre d'avis favorables à de nouveaux médicaments contre les maladies orphelines émis par l'Agence européenne du médicament, ces dernières années, est impressionnante (voir graphique ci-dessous). En 2014, la proportion dépasse les 20% d'un total de 82 médicaments recommandés à l'approbation. Si les cancers (huit) se taillent la part du lion, la myopathie de Duchenne ou d'autres pathologies très variées sont également ciblées. Ces chiffres s'expliquent en partie par l'agrément­ accéléré de technologies de pointe, avec notamment le premier avis favorable à une thérapie par cellules souches en Europe (pour une maladie rare de l'oeil), et de principes actifs inédits. De quoi donner de l'espoir aux personnes souffrant de ces maladies rares.

ET AUSSI...

7534 brevets ont été déposés par IBM en 2014, ce qui en fait le premier déposant pour la 22 e année consécutive et le premier aussi à dépasser les 7000 brevets (e-réputation, cloud, malware, langage naturel...) en un an. IBM devance Samsung (4952) et Canon (4055).
2152 kilomètres ont été parcourus sur circuit avec 43 litres de gasoil par une Peugeot 208 diesel de série (1,6 l BlueHDi 100 ch), soit 2 l/100 km, à 60 km/h de moyenne, en respectant la norme antipollution Euro 6. Performance contrôlée par l'Utac.
200 microgrammes par centimètre cube, ce serait la plus faible densité obtenue pour un matériau constitué de nanotubes de carbone (aérographite) par des chercheurs de l'université de Hambourg. En aérographite, un adulte de 84 kg ne «pèserait» plus que... 16,8 grammes!
46% de rendement pour une cellule solaire (44,7% précédemment), telle est la performance annoncée fin 2014 par une équipe franco-allemande (Soitec, CEA-Leti et Institut Fraunhofer) en exploitant une technologie d'empilement de couches de matériaux semi-conducteurs, chacune sensible à une partie du spectre solaire.
13 milliards d'années se sont écoulées depuis la formation d'EGS-zs8-1, la plus vieille galaxie connue à ce jour au fin fond du cosmos, moins de 700000 ans après la naissance de l'univers. Elle fabriquerait 80 fois plus d'étoiles que notre Voie lactée.
1 seconde de décalage seulement en 15 milliards d'années, telle est la fiabilité de l'horloge atomique la plus précise jamais construite. Très utile pour le positionnement par GPS et pour l'étude de phénomènes quantiques.

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