MOSCOU, 18 juillet (Reuters) - Le Canada, où a été réparée une turbine russe destinée au gazoduc Nord Stream 1, a expédié dimanche cet équipement par avion vers l'Allemagne, rapporte lundi le quotidien russe Kommersant, en citant des sources au fait du dossier.

Selon le journal, la turbine réparée, dont l'entretien est assuré par le groupe allemand Siemens Energy, devrait arriver sur le sol russe autour du 24 juillet, si la livraison ne connaît aucun problème logistique ou douanier.

Toujours d'après Kommersant, la turbine devrait d'ici là être transportée par ferry de l'Allemagne vers la Finlande, puis être transférée par voie terrestre d'Helsinki jusqu'à la station de compression de Portovaya, dans le nord-ouest de la Russie, tout près de la frontière finlandaise. Trois à quatre jours de travaux préparatoires seront ensuite nécessaires, précise le journal.

Le gazoduc Nord Stream 1, qui relie la Russie à l'Allemagne, fait l'objet d'une maintenance annuelle jusqu'au 21 juillet et le sort de cette turbine a été au coeur de tensions géopolitiques diverses au cours des dernières semaines.

Alors que Moscou est la cible de sanctions occidentales en raison de son offensive militaire en Ukraine, les gouvernements européens craignent notamment que cette opération ne soit volontairement prolongée pour perturber les plans de stockage en cours pour l'hiver prochain.

Le géant gazier russe Gazprom a réduit ses livraisons de gaz vers l'Allemagne via le gazoduc Nord Stream 1 depuis la mi-juin en invoquant le retour tardif de la turbine en réparation au Canada et le Kremlin a fait savoir au début du mois que l'approvisionnement en gaz de l'Europe serait augmenté en cas de restitution de la turbine.

Pour permettre la restitution de la turbine, le Canada a dû déroger ponctuellement à ses sanctions contre la Russie, dans le but d'aider l'Europe "à avoir accès à une énergie fiable et abordable pendant qu'elle sort de sa dépendance au gaz et au pétrole russes".

Cette décision a été dénoncée par les autorités de Kiev, qui ont estimé que les Occidentaux avaient cédé au "chantage" de la Russie.

Ni Nord Stream AG, exploitant du gazoduc, ni sa maison mère Gazprom, ni le ministère russe de l'Energie n'ont répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire.

Siemens Energy a refusé de commenter les informations publiées par Kommersant.

(Reportage Reuters, édité par Christopher Cushing et Kirsten Donovan, version française Myriam Rivet, édité par Bertrand Boucey)