Düsseldorf (Reuters) - Le groupe d'armement Rheinmetall est dans les starting-blocks pour les commandes de l'armée allemande.

Le président du directoire, Armin Papperger, a demandé à cet égard aux politiques d'accélérer le processus d'attribution. "L'ensemble de l'industrie allemande est prête. Les ressources sont là, les gens sont là, nous avons aussi le savoir-faire. Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est de nous serrer les coudes avec les politiques pour que nous ayons une capacité de planification", a déclaré le dirigeant du groupe mardi lors d'une conférence organisée par le Handelsblatt. Rheinmetall a investi l'année dernière 700 millions d'euros dans l'extension de ses capacités et a embauché 2000 personnes. Mais jusqu'à présent, il n'y a pas eu de commandes.

M. Papperger a réaffirmé qu'il y avait un gros déficit dans le stock de munitions. "Nous sommes en mesure de produire plus de munitions d'artillerie que les Américains", a-t-il souligné. "Mais je n'ai pas encore reçu une seule commande pour cela". Il n'a pas deux milliards d'euros à préfinancer. Il s'agit d'énormes quantités, non seulement pour l'Ukraine, mais aussi pour l'armée allemande. "Nous n'avons pas de munitions chez nous, et la situation est identique en Europe". Papperger a critiqué le fait que si le budget de la défense ne prévoyait qu'environ un milliard d'euros par an pour les munitions, il faudrait 30 ans pour augmenter le stock en fonction des besoins.

Le changement d'époque avec le fonds spécial de 100 milliards d'euros pour la Bundeswehr était attendu depuis longtemps, selon Papperger. Mais les plans quinquennaux et décennaux annoncés n'existent toujours pas. "En 2023, nous devons vraiment amorcer le changement d'époque", a exigé le président de Rheinmetall. Il ne s'agit pas seulement du fonds spécial, mais aussi d'atteindre l'objectif de deux pour cent, c'est-à-dire deux pour cent du produit intérieur brut pour le budget de la défense. Pour cela, il faut augmenter le budget de 20 à 25 milliards d'euros par an. "C'est une énorme responsabilité qui incombe aux politiques, mais je pense qu'ils doivent faire ce pas".

En juin, le Bundestag avait voté un fonds spécial de 100 milliards d'euros pour l'armée allemande en réaction à la guerre d'agression russe contre l'Ukraine.

LE CHIFFRE D'AFFAIRES EST ENCORE STIMULÉ PAR L'ACQUISITION D'EXPAL

Poussé par l'augmentation générale des budgets de défense dans de nombreux pays, Rheinmetall est actuellement sur une trajectoire record. A cela s'ajoute la récente acquisition du fabricant de munitions espagnol Expal. Avec les 700 à 800 millions d'euros de recettes supplémentaires, le chiffre d'affaires du groupe devrait se situer entre onze et douze milliards d'euros en 2025, a déclaré un porte-parole du groupe. Jusqu'à présent, Papperger visait dix à onze milliards d'euros. En attendant, le groupe historique de Düsseldorf, qui outre l'armement est également présent dans la mobilité, vise un chiffre d'affaires de 6,5 milliards d'euros en 2022.

En ce qui concerne les chars de combat Leopard, M. Papperger a indiqué au magazine Stern qu'il visait un rendement avant impôts d'au moins dix pour cent. Actuellement, l'UE discute de la livraison de chars Leopard 2 à l'Ukraine. A court et moyen terme, Rheinmetall a accès à 139 chars de cette série, a déclaré un porte-parole du groupe. Ceux-ci devraient en partie être révisés. Mais les premiers pourraient être livrés dès le printemps.

L'action Rheinmetall s'est rapidement appréciée depuis le début de la guerre en Ukraine. Alors que le titre MDax cotait à peine 89 euros en janvier 2022, il se négocie actuellement à 223,50 euros, soit juste en dessous du record de 227,90 euros atteint l'été dernier.

(Rapport d'Anneli Palmen, rédigé par Ralf Banser. Pour toute question, veuillez contacter notre rédaction à berlin.newsroom@thomsonreuters.com (pour la politique et la conjoncture) ou frankfurt.newsroom@thomsonreuters.com (pour les entreprises et les marchés).