* Une fourgonnette a fait 13 morts jeudi à Barcelone

* Une femme tuée dans une autre attaque à Cambrils

* Cinq suspects abattus par la police à Cambrils

* Un véhicule utilitaire blanc signalé à la France

* Les victimes sont de 34 nationalités différentes

par Andrés González, Angus Berwick et Carlos Ruano

BARCELONE, 19 août (Reuters) - Le conducteur de la camionnette qui a foncé dans la foule jeudi après-midi à Barcelone, faisant 13 morts, pourrait toujours être vivant et en fuite, a déclaré vendredi la police catalane.

Cette dernière a ainsi remis en cause les affirmations des médias espagnols, selon lesquels le chauffeur de la fourgonnette faisait partie des cinq hommes abattus dans la nuit de jeudi à vendredi dans la station balnéaire de Cambrils, au sud de Barcelone, où une autre attaque à la voiture bélier a fait un mort.

"Cela reste une possibilité mais, contrairement à il y a quatre heures, elle perd en épaisseur", a dit Josep Lluis Trapero, chef de la police catalane, à la télévision régionale.

Le conducteur de la fourgonnette blanche qui a fauché piétons et cyclistes jeudi sur les Ramblas, grande artère touristique de Barcelone, a abandonné le véhicule et s'est enfui à pied.

Quelques heures plus tard, la police a abattu cinq suspects qui avaient dirigé leur voiture contre des policiers et des piétons à Cambrils, à 120 km au sud de Barcelone. Une Espagnole a trouvé la mort. Il y a eu plusieurs blessés. Les suspects portaient de fausses ceintures d'explosifs et étaient armés de couteaux et d'une hache.

Un policier a, à lui seul, tué quatre assaillants, a dit Josep Lluis Trapero.

Selon ce dernier, l'enquête se concentre sur une maison à Alcanar, une localité au sud de Barcelone. Cette maison a été détruite par une explosion mercredi peu avant minuit.

La police pense que ce bâtiment était utilisé pour préparer un ou plusieurs attentats de grande ampleur à Barcelone, peut-être à l'aide des bonbonnes de gaz qui y étaient entreposées.

Toutefois, l'explosion, apparemment accidentelle, de mercredi soir a contraint les conspirateurs à revoir leurs plans à la baisse pour organiser à la hâte des opérations plus "rudimentaires", a expliqué le chef de la police.

La police a arrêté quatre personnes âgées de 21 à 34 ans, en lien avec les deux attaques de Catalogne : trois Marocains et un Espagnol de Melilla, enclave espagnole au Maroc, a indiqué Josep Lluis Trapero. Aucune de ces personnes n'a de passé lié à des affaires de terrorisme, a-t-il ajouté.

UN VÉHICULE SIGNALÉ AUX AUTORITÉS FRANÇAISES

Trois autres suspects ont été identifiés et n'ont pas été retrouvés. D'après les médias espagnols, deux d'entre eux pourraient avoir été tués dans l'explosion à Alcanar tandis qu'un homme d'origine marocaine est toujours recherché par la police.

La police espagnole a transmis aux autorités françaises le signalement d'un utilitaire blanc de location dont le conducteur est recherché, a-t-on appris de source policière, confirmant une information du Parisien. D'après le quotidien français, le véhicule en question, un Renault Kangoo blanc, aurait été loué par des personnes recherchées par la police espagnole et il est "susceptible d'avoir franchi la frontière".

Au total, l'attaque de Barcelone, revendiquée par l'Etat islamique, et celle de Cambrils ont fait 126 blessés dont 65 sont toujours hospitalisés et 17 sont dans un état grave. Selon la presse espagnole, plusieurs enfants ont été tués.

Les victimes - morts et blessés - sont de 34 nationalités, Barcelone et la côte méditerranéenne espagnole attirant un grand nombre de touristes du monde entier.

Vingt-huit blessés sont français, dont huit sont dans un état grave, a dit le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui s'est rendu à Barcelone vendredi.

La France, par la voix d'Emmanuel Macron, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Russie ou encore le Vatican ont exprimé leur solidarité envers l'Espagne, qui n'avait plus connu d'attentat aussi meurtrier depuis celui revendiqué par Al Qaïda qui fit 191 morts et plus de 1.800 blessés en mars 2004 en gare d'Atocha à Madrid.

A Barcelone, les habitants ont observé une minute de silence vendredi midi en mémoire des victimes, en présence du roi Felipe et du président du gouvernement, Mariano Rajoy.

Alors que s'ouvrait une période de trois jours de deuil national, Barcelonais et touristes sont retournés sur les Ramblas pour y déposer des fleurs et des bougies en mémoire des victimes. La foule criait "Je n'ai pas peur" en Catalan.

La course meurtrière d'un véhicule projeté sur des piétons rappelle les attaques commises depuis le 14 juillet 2016 à Nice, Londres, Berlin et Stockholm, qui ont fait plus de 100 morts. (Avec Julien Toyer, Sarah White, Andres Gonzalez, Silvio Castellanos et Kylie MacLellan; Tangi Salaün, Gilles Trequesser, Danielle Rouquié et Bertrand Boucey pour le service français)