Zurich (awp) - Le directeur général (CEO) du groupe Raiffeisen, Patrik Gisel, ne compte pas démissionner en raison de la procédure pénale lancée contre son prédécesseur Pierin Vincenz pour gestion déloyale durant son mandat, a-t-il déclaré vendredi lors de la conférence de presse de la banque à Zurich. La banque a parallèlement dévoilé des résultats annuels en forte hausse.

Le patron, en collaboration avec les autres membres de la direction, a longuement réfléchi et mené des recherches sur ce qui aurait pu être fait autrement. "J'ai réalisé au cours des deux années et demi beaucoup de travail de dégroupage et nettoyage", a souligné M. Gisel. Il est convaincu d'être sur la bonne voie et exclut ainsi de démissionner.

La banque a ces dernières années investi beaucoup de temps pour rendre tous les processus conformes aux nouvelles normes, a soutenu le CEO. Il n'y a jamais eu d'indice indiquant des comportements illégaux et la présomption d'innocence prévaut toujours pour Pierin Vincenz, a-t-il ajouté.

Les nouveaux éléments récemment rendus public sont cependant alarmants et expliquent la plainte pénale déposée par la banque contre son ancien directeur général. "Nous devons tout élucider par devoir envers nos clients, sociétaires et toute la banque", a poursuivi M. Gisel.

Jeudi, le ministère public de Zurich a demandé la mise en détention provisoire de Pierin Vincenz, ancien patron de Raiffeisen et ex-président de la société Aduno. Un juge doit désormais se prononcer.

Un jour plus tôt, le ministère public zurichois avait annoncé l'ouverture d'une procédure pénale contre M. Vincenz pour gestion déloyale. A l'origine de cette enquête se trouve une plainte pénale déposée en décembre dernier par le prestataire de services financiers zurichois Aduno, racheté en août par SIX Group mais dont Raiffeisen détient toujours plus d'un quart (25,5%).

Pour sa part, Raiffeisen espère que sa plainte permettra de faire la lumière sur les événements liés à Aduno, mais également sur la participation dans la société Investnet. La coopérative bancaire détient 60% d'Investnet depuis 2012 alors que M. Vincenz est actionnaire à hauteur de 15%. Ce dernier, aux commandes de Raiffeisen entre 1999 et 2016, a souligné qu'il avait toujours veillé à éviter tout conflit d'intérêt.

En novembre dernier, le gendarme financier (Finma) avait également lancé une enquête liée à Investnet contre Raiffeisen et l'ex CEO.

BÉNÉFICE RECORD

Cette affaire a occulté les chiffres annuels de Raiffeisen publiés vendredi matin. La troisième banque helvétique a engrangé un bénéfice net "record" de 917,1 mio CHF, en progression de 21,6% sur un an et dopé notamment par la vente des participations dans Helvetia et Avaloq.

Le bénéfice net a profité à hauteur de 119,4 mio CHF de la vente des participations dans Helvetia et Avaloq ainsi que d'autres positions.

Durant la période sous revue, le résultat opérationnel s'est envolé de 29,7% à 1,11 mrd CHF et le produit d'exploitation a augmenté de 6,5% à 3,3 mrd, selon le communiqué. Les recettes générées par les opérations d'intérêts se sont inscrites à 2,2 mrd CHF (+1,3%), les opérations de commissions et prestations de services à 494,3 mio (+5,9%) et celles de négoce à 230,4 mio CHF (+1,1%).

Les charges d'exploitation ont pour leur part enregistré une hausse 1,3% à 2,0 mrd CHF.

Au niveau du bilan, les prêts à la clientèle ont pris 4,1% à 180,5 mrd CHF tandis que les créances hypothécaires ont augmenté de 4,3% à 172,6 mrd. Les actifs sous gestion (AuM) ont pour leur part avancé de 3,4% à 209,6 mrd et les dépôts de la clientèle ont enregistré une hausse de 3,7% à 164,0 mrd.

En 2018, la troisième banque helvétique ne s'attend pas à dépasser les résultats de l'exercice écoulé.

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