Milan (awp/afp) - Le conseil d'administration du géant italien des pneumatiques Pirelli a approuvé jeudi des mesures réduisant les pouvoirs de son premier actionnaire, le conglomérat public chinois Sinochem, appliquant ainsi une directive du gouvernement de Giorgia Meloni.

Le gouvernement italien a eu recours au "golden power", qui lui confère des pouvoirs spéciaux dans des secteurs considérés comme stratégiques pour le pays, en adoptant à la mi-juin un décret visant à limiter l'emprise de Sinochem sur Pirelli et à garantir son indépendance.

Ainsi, pour toutes les décisions du conseil d'administration concernant les "actifs d'importance stratégique" du groupe et la nomination de ses dirigeants, "la proposition est réservée au PDG", indique Pirelli dans un communiqué.

Toute résolution s'opposant à la proposition du PDG "doit être adoptée exclusivement par un vote d'au moins 4/5èmes du conseil d'administration", poursuit le groupe.

Sinochem, premier actionnaire de Pirelli avec une part de 37%, est lié par un pacte au deuxième investisseur, la holding Camfin du PDG Marco Tronchetti Provera, qui détient une part de 14,1%.

Les deux parties avaient décidé en mai 2022 de reconduire cet accord pour une durée de trois ans, mais l'intervention du gouvernement italien avait retardé l'entrée en vigueur du nouveau pacte.

L'assemblée générale des actionnaires de Pirelli devra élire lundi le nouveau conseil d'administration qui restera en place jusqu'en 2025.

Sur les douze candidats de la liste majoritaire formée conjointement avec l'actionnaire chinois, Camfin en a proposé quatre, dont le futur PDG et successeur de M. Tronchetti, Andrea Casaluci, l'actuel directeur général des opérations.

Giorgio Luca Bruno, vice-PDG de Pirelli depuis 2021 qui faisait figure de dauphin de M. Tronchetti, avait jeté l'éponge en juin dernier.

M. Tronchetti, aux commandes de Pirelli depuis 1992, restera vice-président exécutif. Parmi les huit membres du conseil d'administration proposés par Sinochem figure son PDG Jiao Jian, candidat au poste de président.

Pirelli était passé en 2015 sous pavillon chinois à l'issue d'une transaction évaluant le groupe à 7,1 milliards d'euros, qui avait suscité en Italie de fortes inquiétudes sur l'indépendance du groupe milanais.

Rome a ordonné des moyens de réduire l'influence du groupe chinois au sein du fabricant de pneus italien, sans toutefois le forcer à vendre sa part.

L'actionnaire chinois a ainsi été prié de "garantir à Pirelli une pleine autonomie dans la gestion des relations avec les clients et les fournisseurs" et de faire en sorte que la société italienne "ne soit pas soumise aux instructions du groupe Sinochem".

Au premier semestre, Pirelli a vu son bénéfice net augmenter de 4,1%, à 242,6 millions d'euros, alors que son chiffre d'affaires s'est accru de 7,5%, à 3,43 milliards d'euros, selon des résultats publiés jeudi.

afp/rp