Zurich (awp) - Reflet de la normalisation à l'oeuvre en matière de coronavirus, Moderna et Lonza mettent un terme à leur accord de production d'ARN messager (ARNm) pour le vaccin contre le Covid-19 du premier sur le site du second à Viège. La fabrication sur le site valaisan du sous-traitant bâlois de l'industrie pharmaceutique cessera progressivement au 3e trimestre.

La mesure s'inscrit dans le plan visant à adapter l'empreinte de fabrication en fonction du redimensionnement du marché du vaccin contre le Covid-19, explique mardi Moderna dans un communiqué. La société établie à Cambridge, près de Boston, dans l'Etat américain du Massachusetts entend absorber la demande en matière d'ARNm l'an prochain et l'année suivante à la faveur des capacités de son propre site de Norwood, également sis dans le Massachusetts.

En 2025, Moderna prévoit d'étoffer ses capacités dans ses nouvelles installations de fabrication d'ARNm au Royaume-Uni, au Canada, et en Australie. Seul le partenariat de fabrication avec Rovi en Espagne sera maintenu.

Réagissant à la décision de Moderna, Lonza a pour sa part indiqué à l'agence AWP que des discussions portant sur la résiliation par la firme américaine de l'accord de production sont actuellement en cours. Evoquant son modèle d'entreprise flexible, le sous-traitant bâlois de l'industrie pharmaceutique se dit en mesure de s'adapter à l'évolution de la demande des clients. Lonza étudie les possibilités de redéployer les collaborateurs concernés "vers d'autres programmes et projets".

Reconnaissante d'avoir pu contribuer à la lutte contre la pandémie grâce à sa collaboration avec Moderna, Lonza se dit confiante dans le potentiel thérapeutique et commercial à long terme de la plateforme ARNm.

Moderna fait elle aussi part à son partenaire de sa reconnaissance pour l'avoir "aidé à augmenter sa capacité et à répondre aux exigences de fabrication pendant une urgence de santé publique mondiale". Les activités de Lonza à Viège se sont révélées cruciales pour permettre à la biotech américaine de livrer son vaccin dans plus de 70 pays, dont la Suisse.

La nouvelle n'a guère pesé sur le cours du titre Lonza à la Bourse suisse, celui-ci parvenant à clôturer en hausse de 1,37% à 430,10 francs suisses, alors que le SMI a cédé 0,20%. Toutefois, la nominative du groupe rhénan s'était effondrée la veille, dégringolant à la clôture de près de 15%, suite à l'annonce du départ de son directeur général (CEO), Pierre-Alain Ruffieux, moins de trois ans après sa prise de fonction. Un nouveau départ abrupt qui succède à celui de son prédécesseur resté neuf mois en poste alors que Lonza avait raboté ses objectifs dans le sillage des résultats à mi-parcours décevants.

Production depuis 2020 à Viège

Repassé au deuxième trimestre en mode de combustion de liquidités, après avoir vu sa rentabilité exploser pendant la pandémie de coronavirus, Moderna avait fait part la semaine dernière de sa volonté d'ajuster ses capacités de production à la normalisation de la situation sanitaire. L'entreprise avait laissé entendre que la mesure était susceptible d'avoir des répercussions sur son sous-traitant rhénan Lonza.

Lonza avait mis à disposition, dès le printemps 2020, des capacités à Viège et à Portsmouth, dans le New Hampshire, pour la production du vaccin Covid à ARN Messager de la biotech américaine. Le site valaisan était en charge de la production à l'échelle mondiale, à l'exception des Etats-Unis où Moderna s'est depuis doté de capacités propres.

"Nous étions conscients qu'il nous faudrait à un moment ou un autre réduire nos capacités de production, après les avoir massivement étendues pendant la pandémie," avait indiqué en entretien avec l'agence AWP le directeur général de Moderna, le Français Stéphane Bancel. Le responsable n'avait pas souhaité préciser dans quelle mesure les divers sites seraient concernés.

Moderna avait précisé que les vaccins Covid-19 devraient encore rapporter sur l'année en cours entre 6 et 8 milliards de dollars en fonction du taux de vaccination au pays de l'oncle Sam, contre plus de 18 milliards en 2022 et plus de 17 milliards en 2021. A plus longue échéance, de nouvelles franchises en oncologie et dans les maladies rares doivent générer selon les projections de la direction des recettes annuelles de 10 à 15 milliards, auxquels s'ajouteraient les 8 à 15 milliards déjà attendus dans le domaine respiratoire pour l'année 2027.

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