* Cette réunion quadripartite aurait lieu samedi à Munich

* Ni Moscou, ni l'Onu ne confirment

* La question du départ d'Assad continue de diviser (Actualisé avec déclaration russe, démenti Nations unies §7, 9)

par Khaled Yacoub Oweis

AMMAN, 1er février (Reuters) - Moaz al Khatib, président de la Coalition nationale syrienne, qui rassemble les opposants au président Bachar al Assad, s'entretiendra samedi à Munich d'une transition politique avec de hauts représentants des Etats-Unis, de la Russie et des Nations unies, a-t-on appris vendredi auprès de la CNS.

La Russie s'est cependant refusée à confirmer l'information et des sources internes aux Nations unies ont démenti qu'une telle rencontre était prévue.

Si elle a lieu, cette réunion sera la première entre les Etats-Unis et la Russie, qui cherchent un terrain d'entente pour une solution diplomatique à la crise en Syrie, et l'opposition syrienne.

Cette réunion à quatre avec le vice-président américain, Joe Biden, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et l'envoyé spécial de l'Onu en Syrie, Lakhdar Brahimi, se tiendrait en marge de la conférence annuelle sur la sécurité et la coopération en Europe organisée dans la capitale bavaroise.

"Al Khatib a été informé par Brahimi qu'il s'agirait d'une réunion à quatre. Il se rend seul à Munich", a précisé un membre de haut rang de la coalition syrienne.

En se déclarant prêt à discuter avec des émissaires du régime syrien sans plus exiger en préalable un départ de Bachar al Assad, Moaz al Khatib a sans doute facilité la participation russe à cette réunion, a-t-il ajouté.

Un diplomate des Nations Unies a cependant affirmé que Lakhdar Brahimi ne prévoyait que des rencontres séparées avec Joe Biden, Sergueï Lavrov et Moaz al Khatib, et que "l'émissaire spécial de l'Onu ne (devait) prendre part à aucune réunion tripartite".

LA PRÉSENCE DE BIDEN CONFIRMÉE

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, s'est également refusé à confirmer la rencontre. "A ce stade, aucune réunion de ce genre n'est mentionnée dans l'agenda du ministre des Affaires étrangères", a-t-il écrit sur Twitter.

Une source diplomatique russe a cependant reconnu qu'une telle réunion n'était pas exclue et pourrait avoir lieu "de manière spontanée".

La présence de Joe Biden et des discussions avec Moaz al Khatib ont été confirmées de source américaine, mais la Maison blanche n'a pas précisé le format de ces discussions.

Il s'agira de la rencontre de plus haut niveau entre un responsable américain et un représentant de l'opposition syrienne depuis le début de la crise en Syrie il y a 22 mois, qui a fait plus de 60.000 morts selon les Nations unies.

Lors d'une réunion qui s'est achevée vendredi à l'aube, les douze membres du bureau politique de la CNS ont donné instruction à Moaz al Khatib de ne répondre à aucune proposition qu'on lui ferait à Munich sans en référer d'abord à eux.

Le bureau politique de la CNS a également élu un comité chargé de mettre au point un manifeste définissant une stratégie pour la paix, ou "une poursuite de la guerre" si les efforts internationaux pour négocier une sortie pour Bachar al Assad n'aboutissent pas.

La CNS, créée en novembre et formée de 70 membres à majorité islamiste, fait de Moaz al Khatib, une figure religieuse de Damas, son premier représentant sans pour autant lui laisser les mains libres.

FRUSTRATION DE L'OPPOSITION

Selon le haut responsable de l'opposition déjà cité, le président de la CNS a été la cible de la colère des islamistes au sein du bureau politique, et du Conseil national syrien -l'ancienne formation phare de l'opposition désormais intégrée à la Coalition -, pour s'être dit prêt à discuter de transition avec Damas en échange de la libération de dizaines de milliers de détenus politiques arrêtés depuis 22 mois, sans exiger préalablement le départ d'Assad.

Le bureau politique a finalement convenu qu'à Munich, le président de la CNS "demanderait, et n'accepterait pas moins que le départ d'Assad et de toute la police secrète d'Etat ainsi qu'un soutien international pour reconstruire la Syrie et une démocratie".

Un diplomate occidental relève que "le niveau de frustration de l'opposition syrienne face au manque de soutien international est très élevé". "On pourrait assister à l'une des dernières occasions avant que l'opposition dise : 'Que la communauté internationale aille au diable ! Concentrons tous nos efforts à la guerre'."

Le soutien occidental au soulèvement entamé en mars 2011 est resté limité pour l'essentiel à la rhétorique et à la fourniture d'une aide humanitaire.

Avant de passer le relais à John Kerry au poste de secrétaire d'Etat américain, Hillary Clinton a déclaré jeudi à la presse que l'Iran, grand allié de Damas, semblait envoyer davantage de personnel et des armes de plus en plus perfectionnées au régime syrien, qui a perdu de vastes zones rurales mais contrôle toujours le centre des principales villes du pays. (Avec Gabriela Baczynska à Moscou et Myra Mcdonald à Munich; Henri-Pierre André, Jean-Stéphane Brosse et Julien Dury pour le service français)