La marque phare du numéro un mondial du luxe, qui compte pour plus de la moitié de sa rentabilité, a vu sa croissance organique retomber à moins de 3% au troisième trimestre, malgré des bases de comparaisons favorables, alors que les analystes tablaient sur une accélération aux alentours de 7%.

La faible dynamique du maroquinier pèse donc sur le profil de croissance de LVMH et sur ses perspectives de résultats 2013 et 2014, qui devraient faire l'objet de révisions à la baisse de la part des analystes.

"Le consensus sur l'opérationnel 2013 et 2014 pourrait être abaissé de 2%", estime Thomas Chauvet, analyste de Citi.

La valeur, qui sous-performait déjà fortement ses pairs, chute de 6,35% à 135,65 euros à 13h05, plus forte baisse de l'indice CAC 40 (-0,77%). Elle accuse une baisse de 2% depuis le début de l'année, quand Richemont, (Cartier, Van Cleef & Arpels) prend 26%, Kering (Gucci) 19% et Burberry 17%.

Le directeur financier de LVMH Jean-Jacques Guiony, lors d'une conférence téléphonique, a indiqué que la demande restait "atone" en Chine continentale et que Louis Vuitton avait pâti au Japon d'une nouvelle hausse de prix intervenue en juillet, ayant eu pour effet "d'inciter les clients à anticiper leurs achats et donc d'impacter négativement le troisième trimestre".

"Nous manquons d'explication, car le Japon n'explique pas tout", déplore un analyste sous couvert d'anonymat.

Louis Vuitton réalise environ 15% de ses ventes au Japon, selon les estimations des analystes.

UN REPOSITIONNEMENT QUI PRENDRA DU TEMPS

"Les incertitudes pèsent sur les perspectives de croissance et de marge, au sein d'une structure de conglomérat de plus en plus vaste, avec des acquisitions (23% d'Hermès, Bulgari, ou Loro Piana) qui sont pour la plupart dilutives sur les marges et le rendement des capitaux investis", souligne l'analyste de Citi.

Louis Vuitton, qui souffre d'un problème de taille - son chiffre d'affaires dépasse les sept milliards d'euros - et d'une offre peu exclusive, marque le pas depuis 2012.

Consciente de la difficulté, la griffe a engagé un repositionnement de son offre cet été sur des sacs en cuir très haut de gamme, à plus de 3.000 euros - plus en phase avec la demande d'une clientèle lassée des toiles monogrammées - mais dont les marges sont inférieures et dont la montée en puissance pourrait s'avérer plus lente que prévu.

"Nous avons déjà dit qu'il s'agissait d'un processus long", a rappelé Jean-Jacques Guiony aux analystes.

Le processus de fabrication est plus long et il faut améliorer la productivité. Il faut que la production puisse monter en puissance et que les approvisionnements en peaux de bonne qualité suivent, "ce qui n'est pas le cas", a-t-il dit.

"Le grand défi, ce sont les approvisionnements en peaux de qualité (...) Nous pourrions produire plus si nous en avions davantage", a-t-il ajouté.

La sécurisation des approvisionnements en cuir haut de gamme constitue un enjeu stratégique pour l'industrie du luxe.

Louis Vuitton reste par ailleurs en attente d'un nouveau directeur artistique après le départ de Marc Jacobs. Le groupe n'a donné aucune indication sur l'identité de son successeur, alors que Nicolas Ghesquière, artisan du renouveau de Balenciaga, est donné favori.

LVMH ne publie pas les chiffres des marques de son pôle mode-maroquinerie qui, outre Louis Vuitton, comprend Céline, Fendi ou encore Marc Jacobs.

Marc Jacobs, promis à une entrée en Bourse dans quelques années, pourrait priver le groupe d'une marque à très forte croissance.

Edité par Dominique Rodriguez

par Pascale Denis