Genève (awp) - La présidente de Logitech Wendy Becker est contestée par l'un des fondateurs du groupe valdo-californien, qui s'est opposé mercredi à la réélection de la Britannique lors de l'assemblée générale. Daniel Borel a déploré une absence de réaction face à la mauvaise performance du fabricant de périphériques informatiques, rapporte jeudi Le Temps.

Malgré la fronde menée par le plus important actionnaire individuel de Logitech, Mme Becker a été largement réélue au conseil d'administration et à la présidence, à plus de 96% des voix exprimées lors de l'assemblée. Daniel Borel, qui a cofondé l'entreprise en 1981 avec Pierluigi Zappacosta et Giacomo Marini, détient encore 1,5% des parts.

"Je suis effaré par le déni de réalité qu'ont montré la direction et la présidente ces dix-huit derniers mois", a expliqué M. Borel au quotidien genevois après l'assemblée. "Fin mars 2022, Logitech avait vu ses ventes chuter de 20%, son profit opérationnel s'effondrer de 52%. Cela voulait dire que la société était en train de s'enfoncer dans une crise qui succédait à celle du coronavirus", explique l'entrepreneur, cité par Le Temps.

Pour M. Borel, une restructuration s'imposait. "Nous aurions pu alors démarrer l'année fiscale 2022-2023 avec une structure réduite, des coûts plus bas, une agilité retrouvée." L'ancien patron et président de Logitech affirme avoir tenté de "nouer le contact" avec Wendy Becker, mais estime ne pas avoir été compris. Logitech a finalement supprimé 300 postes sur un effectif total de 8300 emplois, rappelle le quotidien. "Il aurait fallu restructurer plus tôt", tranche Daniel Borel.

Un appel aux "valeurs historiques"

Parmi les griefs adressés à la présidente figure également sa passivité lors de la succession du directeur général Bracken Darell, parti mi-juin à la surprise générale pour rejoindre VF Corporation, le propriétaire des marques de vêtements et chaussures Vans, Timberland et North Face. Pour Daniel Borel, Logitech aurait dû lancer la recherche d'un remplaçant plus rapidement.

L'actionnaire reproche par ailleurs à Wendy Becker, qui possède également les nationalités américaine et italienne, de ne pas "incarner les valeurs historiques" de Logitech et de ne pas connaître les "réalités" du métier. M. Borel a souhaité "lancer une alerte" et appelle toujours de ses voeux un changement à la tête du conseil d'administration.

Contacté par Le Temps, Logitech souligne que la très confortable réélection de Wendy Becker - seule femme occupant la présidence d'un groupe coté au SMI - témoigne de la "confiance des actionnaires dans son leadership". L'assemblée a accepté mercredi l'ensemble des propositions du conseil d'administration. Le géant basé à Apples se dit néanmoins "heureux" de recevoir les commentaires de Daniel Borel et se réjouit de continuer à dialoguer avec lui au même titre que l'ensemble des actionnaires.

L'action Logitech affiche une progression de plus de 10% depuis le début de l'année. A 10h20, le titre s'échangeait à 63,02 francs suisses (+0,1%, SMI: +0,19%), très loin du plafond historique de 124,90 francs suisses de juin 2021.

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