par Paritosh Bansal et Megan Davies

"Neuberger Berman est un actif de première classe qui va intéresser les gens. On est en face d'un vendeur tendu qui a besoin de capitaux. Les gens sentent l'odeur du sang", commente Eric Weber, chez Freeman & Co, société de conseils en fusion spécialisée dans les services financiers.

"Pour une observatrice de longue date du secteur, c'est triste à voir. Neuberger est un actif particulier. Cela représente une occasion exceptionnelle pour un acquéreur chanceux", renchérit Elizabeth Nesvold, associée chez Silver Lane Advisors.

Lehman a publié ses résultats trimestriels et son projet de levée de capitaux mercredi, huit jours plus tôt que prévu, alors que le doute semblait monter sur sa capacité de survie, après la chute de son cours à Wall Street.

L'action, qui avait perdu 45% de sa valeur mardi, a fini en baisse de près de 7% mercredi à 7,25 dollars.

Face à une perte de 3,93 milliards de dollars, Lehman s'est décidé à vendre 55% de son activité gestion d'actifs qui comprend Neuberger, les activités de capital-investissement et de gestion de portefeuille. Au total, cette branche pourrait valoir huit milliards de dollars, selon certains spécialistes.

Dirigée par George Walker, ancien associé chez Goldman Sachs et cousin du président américain George Bush, la division est une source stable de bénéfices pour Lehman. La décision d'en céder le contrôle n'a donc sans doute pas été prise de gaîté de coeur.

Elle affichait 273 milliards de dollars d'actifs sous gestion au 31 août dernier, dont 98 milliards de dollars en actions, 93 milliards en obligations, 44 milliards placés sur le marché monétaire et 38 milliards en investissements dits alternatifs.

REMISE DES OFFRES DÈS VENDREDI

Sa taille est comparable à celle d'Evergreen Investments, filiale du groupe bancaire Wachovia, qui revendiquait 245 milliards de dollars d'actifs sous gestion au 30 juin, mais elle est bien inférieure à celle de BlackRock (1.428 milliards de dollars au 30 juin).

Dans les comptes du troisième trimestre de Lehman, les revenus tirés de la gestion d'actifs s'établissent à 634 millions de dollars, en baisse de 21% par rapport au troisième trimestre 2007.

Selon Lehman, la vente d'une participation majoritaire améliorera ses ratios de solvabilité et se traduira sans doute par une plus-value. Lehman a acquis Neuberger pour 3,1 milliards de dollars en 2003. La banque dit être en "discussions avancées avec un certains nombres de partenaires potentiels".

De sources ayant requis l'anonymat, on indique que les sociétés de capital-investissement Kohlberg Kravis Roberts, Hellman & Friedman et Bain Capital sont dans la course.

De source proche du dossier, on précise que les offres devront être remises vendredi et que Lehman souhaite annoncer la vente en octobre.

Si plusieurs candidats se portent acquéreurs, cela donnera une plus grande marge de manoeuvre à Lehman pour négocier, souligne William Bates, associé du cabinet juridique King & Spalding.

Une vente partielle, en réduisant les sommes que l'acquéreur devra verser, permet aussi de diversifier la taille des candidats acquéreurs, souligne Elisabeth Nesvold de Silver Lane.

Les participations minoritaires détenues par Lehman dans des sociétés de gestion de fonds spéculatifs comme Ospraie Management, ne font pas partie des actifs mis en vente. Ospraie a fermé ce mois-ci son fonds le plus important, déficitaire.

La vente de ces actifs aurait compliqué le processus compte tenu des positions minoritaires détenues par Lehman.

Version française Danielle Rouquié