par Jonathan Spicer

Le secteur financier américain, qui a déjà perdu plus de 100.000 emplois cette année, risque de se retrouver avec 50.000 emplois en péril après le dépôt de bilan de Lehman et le rachat de Merrill par Bank of America, qui interviennent six mois après le sauvetage d'une autre banque d'affaires, Bear Stearns, par JPMorgan Chase.

La reprise de Merrill Lynch, première société de Bourse mondiale, pourrait se traduire par la mise à la rue de 24.000 personnes sur les 60.000 salariés non courtiers de Merrill, estime Gustavo Dolfino, président de la société de recrutement new-yorkaise WhiteRock.

Lehman emploie pour sa part 26.000 personnes.

Les déboires de ces deux sociétés, qui découlent de la crise des "subprimes", auront aussi des conséquences sur la vie économique à New York, qui dépend beaucoup du secteur des services financiers.

"Les années dorées en matière de rémunération dans le secteur des services financiers sont terminées. Le fait que les gens de Bear Stearns soient toujours à la recherche d'un emploi n'aide pas", commente Michael Karp, directeur général du consultant Options Group à New York qui prédit des conséquences en matière de rémunération "dans le monde entier".

"Certains de ces professionnels n'obtiendront plus ce qu'ils avaient l'habitude d'obtenir parce qu'ils sont demandeurs et non plus demandés et qu'ils sont en concurrence avec d'autres", renchérit Gustavo Dolfino.

Il souligne aussi que ce seront autant de rentrées fiscales en moins aux niveaux fédéral et local.

"Nous survivrons, mais en fait, mais cela veut dire que, compte tendu de la base fiscale, le gouvernement ne va pas avoir d'autre choix que d'augmenter les impôts", estime Gustavo Dolfino.

Certes Wall Street n'est pas le principal employeur de New York, mais c'est le point d'ancrage du système économique de la ville. On estime que chaque salarié du secteur financier peut induire la création de quatre emplois à New York, compte tenu des salaires élevés pratiqués dans le secteur.

Dès la semaine dernière, le contrôleur financier de la ville William Thompson s'est dit "très préoccupé" par le problème de Lehman. Il a mise en garde contre ses répercussions sur l'économie new-yorkaise et les rentrées fiscales.

La déconfiture de Lehman, en déclenchant une nouvelle baisse des marchés boursiers, pourrait mettre en difficultés d'autres sociétés financières déjà fragilisées.

D'autres marchés pourraient profiter des déboires de Wall Street et recruter les professionnels américains de la finance au chômage, comme la Russie et la région du Golfe, estime Gustavo Dolphino.

Version française Danielle Rouquié