victime veut son extradition

STRASBOURG (awp/afp) - Les proches d'un contrôleur aérien assassiné en 2011 à l'aéroport de Bâle-Mulhouse réclament l'extradition du suspect, localisé à Hong Kong où les autorités refusent de le livrer à la France, a-t-on appris vendredi auprès de leur avocat et du parquet de Mulhouse (Haut-Rhin).

Sous le coup d'un mandat d'arrêt international pour assassinat, Karim Ouali, franco-algérien de 45 ans, avait déjà été localisé en 2011 dans la région semi-autonome chinoise.

En février, il y a de nouveau été repéré en se connectant sur un site de rencontre, a indiqué à l'AFP la procureure de la République de Mulhouse, Edwige Roux-Morizot, confirmant des informations du Parisien-Aujourd'hui en France.

Cet ancien contrôleur aérien avait pourtant été interpellé par les autorités hongkongaises pour séjour illégal en 2014 et placé sous contrôle judiciaire pendant deux ans. Ces informations n'avaient été communiquées à la France qu'en 2018, selon la magistrate.

Deux commissions rogatoires internationales, émises en mars 2019 et janvier 2020, étaient également restées sans effet.

"Les autorités étrangères qui sont saisies (du mandat) ont le pouvoir d'interpeller sur leur territoire (Karim) Ouali et de le remettre aux autorités françaises", s'est indigné Me Damien Legrand, avocat de la famille de Jean Meyer.

Ce contrôleur aérien de 34 ans avait été découvert le 27 avril 2011 gisant dans son sang au pied d'un escalier menant à la tour de contrôle de l'aéroport. Selon l'autopsie, il avait reçu de huit à dix coups de couteau.

Karim Ouali, vu par des témoins quittant précipitamment l'aéroport après le crime avant de disparaître, avait été rapidement suspecté.

Selon Me Legrand, l'absence de coopération serait une conséquence du refus depuis 2020 de Paris de ratifier un traité d'extradition avec Hong Kong.

"Ce qu'on réclame, c'est une coopération internationale judiciaire normale", a insisté Me Legrand.

"L'autre solution, ça serait de le juger par (contumace)" en France, a-t-il poursuivi, une possibilité envisagée par la juge mulhousienne qui instruit le dossier et Mme Roux-Morizot, a confirmé cette dernière.

"C'est la dernière option qui pourrait être mise en oeuvre", a toutefois prévenu Me Legrand, "la famille ne le comprendrait pas".

"On est dans l'incompréhension la plus totale face au refus des autorités (hongkongaises) d'aller plus loin", a-t-il dit, alors qu'on sait "à 100% où il est".

Présenté comme dépressif et se sentant persécuté par ses collègues, Karim Ouali était en arrêt de travail au moment du crime mais avait conservé ses badges et les clés sécurisées lui permettant d'accéder à la tour de contrôle, ce qui avait valu à l'Etat d'être condamné pour faute en 2019.

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