Paris (awp/afp) - A la veille de sa journée d'investisseurs, le groupe pharmaceutique français Sanofi a annoncé lundi l'acquisition de la biotech américaine Synthorx pour 2,5 milliards de dollars (2,26 milliards d'euros), une opération qui lui permet de se renforcer dans l'immuno-oncologie.

L'acquisition de Synthorx, spécialisée dans le développement de traitements visant à prolonger et améliorer la vie des personnes atteintes de cancer ou de maladies auto-immunes, a été approuvée à l'unanimité par les conseils d'administration des deux groupes, a précisé Sanofi dans son communiqué.

Dans le détail, Sanofi se portera acquéreur de la totalité des actions en circulation de Synthorx, à raison de 68 dollars par action, ce qui représente une prime de plus de 170% par rapport au cours de clôture de la biotech à Wall Street vendredi.

"Cette acquisition cadre parfaitement avec notre stratégie et notre volonté de dynamiser l'innovation et de bâtir un portefeuille composé de médicaments de haute qualité", a déclaré Paul Hudson, directeur général de Sanofi, cité dans le communiqué.

"Elle est de plus en phase avec notre objectif de doter notre franchise oncologie de médicaments ayant le potentiel de changer l'exercice de la médecine, ainsi que d'associations thérapeutiques innovantes", affirme-t-il.

Le Britannique, qui a pris les commandes de Sanofi début septembre, avait alors expliqué que le géant français devrait concentrer ses ressources sur certaines priorités, laissant entendre que l'oncologie pourrait être une piste de croissance.

L'oncologie, où Sanofi souffre justement du manque de nouveaux traitements, est l'un des secteurs les plus porteurs pour les laboratoires pharmaceutiques actuellement.

Le principal candidat-médicament de Synthorx en immuno-oncologie, THOR-707, une variante de l'interleukine 2 (IL-2), est en phase de développement clinique dans le traitement de multiples tumeurs solides.

"THOR-707 pourra être combiné avec nos médicaments actuels d'oncologie et les futurs immunomodulateurs de notre portefeuille de développement pour traiter le cancer", note John Reed, responsable de la Recherche et développement de Sanofi, dans le communiqué.

Outre ce candidat-médicament, Synthorx a d'autres programmes au stade précoce qui "conforteront le positionnement de Sanofi dans la sphère de l'oncologie et plus particulièrement de l'immuno-oncologie", affirme le communiqué.

Prudence du marché

L'annonce a été accueillie avec prudence par les investisseurs. Aux alentours de 11H35 (10H35 GMT) à la Bourse de Paris, le titre cédait 0,16% à 83,43 euros dans un marché en repli de 0,17%.

"Le point positif que l'on peut mettre en avant, c'est qu'ils avancent en oncologie. La question, c'est est-ce que c'est la bonne acquisition", interroge Jean-Jacques Le Fur, analyste spécialiste de l'industrie pharmaceutique pour Bryan, Garnier & Co, notant que l'interleukine 2 est connue depuis assez longtemps dans les traitements anti-cancéreux.

L'interleukine 2 développée par Synthorx semble toutefois "être à plus longue durée d'action avec moins d'effets secondaires".

"Dans les tumeurs solides, il faut trouver le bon complément aux premières immunothérapies mises sur le marché", souligne l'analyste, notant que 20% seulement des patients répondent à ces traitements.

"Est-ce que les produits de Synthorx peuvent aider? En tout état de cause, si les études cliniques montrent qu'il y a une efficacité boostée de l'immunothérapie, on dira que c'est une belle acquisition et on oubliera le prix", poursuit-il.

Le groupe tiendra une journée investisseurs mardi, au cours de laquelle le nouveau directeur général devrait détailler la stratégie du laboratoire français. En 2018, son chiffre d'affaires s'était établi à 34,5 milliards d'euros.

"Il faut que Sanofi arrive à donner demain au marché l'explication de pourquoi la voie choisie est particulièrement intéressante (...) Le challenge n'est pas gagné", souligne encore Jean-Jacques Le Fur.

afp/ck