Paris (awp/afp) - Kering va acquérir 30% de Valentino pour 1,7 milliard d'euros, avec la possibilité de racheter l'ensemble de la maison du couture italienne, une annonce qui supplante jeudi celle des résultats semestriels du groupe français de luxe affectés par Gucci.

Le groupe de François-Henri Pinault et le fonds d'investissement qatari Mayhoola, propriétaire de Valentino, ont signé un accord qui comprend une option permettant à Kering "d'acquérir 100% de la maison de couture au plus tard en 2028", ont annoncé les deux groupes dans un communiqué commun.

Cette opération "s'inscrit dans le cadre d'un partenariat stratégique plus large entre Kering et Mayhoola, qui pourrait mener à une possible entrée de Mayhoola au capital de Kering", ajoutent-ils, sans plus de précisions.

Cette annonce survient un mois après celle concernant le rachat par Kering de la "maison de haute parfumerie" Creed, soit deux opérations coup sur coup après quelques années sans acquisitions de cette ampleur pour le groupe français.

"Je suis très heureux de cette première étape dans notre collaboration avec Mayhoola pour la croissance de Valentino, et de poursuivre la très belle trajectoire d'élévation de la marque que Jacopo Venturini continuera à mener", déclare le PDG de Kering, François-Henri Pinault, cité dans le communiqué.

Directeur général de Mayhoola et président de Valentino, Rachid Mohamed Rachid, également cité dans le communiqué, se dit "très heureux d'accueillir Kering en tant que partenaire stratégique dans la perspective des prochains développements de la maison de couture".

"Sous notre impulsion, Valentino a renforcé ses fondations en tant que marque de luxe reconnue et nous sommes impatients d'entamer le prochain chapitre avec Kering", ajoute le directeur général du fonds d'investissement, qui possède aussi la maison de luxe française Balmain, l'italien Pal Zileri et les grands magasins turcs de luxe Beymen.

Au travers de son réseau de 211 magasins dans plus de 25 pays, Valentino a réalisé en 2022 un chiffre d'affaires de 1,4 milliard d'euros.

"Accord prometteur"

Dans le cadre de ce partenariat, Kering et Mayhoola "étudieront notamment de potentielles opportunités en cohérence avec leurs stratégies de développement respectives". La finalisation de l'opération est attendue d'ici fin 2023, sous réserve de son approbation par les autorités compétentes en matière de concurrence.

L'annonce a été faite en parallèle de la publication des résultats semestriels de Kering, affectés par sa marque phare Gucci dont les ventes sont en recul.

Totalisant 1,785 milliard d'euros, le bénéfice net de Kering a baissé au premier semestre de 10% par rapport à la même période de 2022. En hausse de 2%, son chiffre d'affaires a atteint 10,1 milliards d'euros.

"L'accord avec Mayhoola éclipse les performance du premier semestre", écrit dans une note l'analyste Luca Solca de la banque Bernstein, qui cependant "salue cet accord prometteur". Kering "possède un historique avéré en gestion et développement de marques de mode", estime l'analyste, "Valentino pourrait être considéré comme l'équivalent italien de Saint Laurent: une entreprise avec laquelle Kering a su créer de la valeur".

Les ventes d'Yves Saint Laurent, poursuivant sur leur lancée, ont progressé de 6% au premier semestre, à 1,6 milliard d'euros. Sa PDG, Francesca Bellettini, a été nommée directrice générale adjointe de Kering, chargée du développement des maisons lors du vaste remaniement annoncé la semaine dernière à la tête du groupe.

Il avait alors aussi été annoncé le départ, le 23 septembre, du PDG de Gucci depuis 2015, Marco Bizzarri. Il sera remplacé "pour une période transitoire" par l'un des collaborateurs les plus proches de M. Pinault, Jean-François Palus, directeur général délégué de Kering.

Gucci, qui représente plus de la moitié du chiffre d'affaires de Kering, est en difficulté face à d'autres grands concurrents du secteur, Louis Vuitton (groupe LVMH) en tête. Au premier semestre, ses ventes ont reculé de 1%, à 5,1 milliards d'euros. Son résultat opérationnel est en recul de 4%, à 1,8 milliard d'euros.

afp/rp