Londres (awp/afp) - Les ventes au détail au Royaume-Uni ont nettement rebondi en avril après les épisodes neigeux de mars, mais leurs perspectives sont obscurcies par la montée des cours du pétrole qui menace le pouvoir d'achat des ménages.

Ces ventes ont grimpé de 1,6% en avril sur un mois, a annoncé jeudi l'Office des statistiques nationales (ONS), soit bien plus que ce qu'attendaient les analystes - qui prévoyaient une augmentation de 0,9% d'après un consensus établi par l'agence Bloomberg.

Elles avaient diminué de 1,1% en mars du fait d'une vague de froid nuisible au commerce qui avait notamment consigné au garage nombre de voitures à cause de la fermeture des routes, entraînant un plongeon des ventes dans les pompes à essence.

L'épisode de vent glacial surnommé au Royaume-Uni "la bête de l'Est" avait de surcroît dissuadé nombre de consommateurs d'aller faire leurs courses.

En avril, les ventes ont rebondi dans quasiment tous les types de points de vente, notamment dans les pompes à essence mais aussi dans les boutiques de vêtements, les supermarchés alimentaires ou les établissements spécialisés dans les biens d'équipement domestiques.

"L'économie avait vraiment besoin de ces bonnes données", a expliqué Howard Archer, économiste en chef chez EY ITEM Club. "Après une série de statistiques décevantes, les ventes au détail d'avril laissent espérer un redémarrage après le fort ralentissement du premier trimestre qui n'était pas dû qu'au mauvais temps", a-t-il ajouté.

Au premier trimestre, le PIB du Royaume-Uni n'a augmenté que de 0,1%, d'après une première estimation publiée le mois dernier par l'ONS qui en publiera vendredi une deuxième estimation.

En plus d'un hiver particulièrement rigoureux, la consommation a souffert pendant l'hiver d'une certaine prudence des consommateurs dont les revenus réels ont été amputés par le renchérissement des produits importés, dû à la dépréciation de la livre sterling consécutive à la décision des Britanniques de voter pour le Brexit le 23 juin 2016.

Au-delà, la croissance a pu pâtir des hésitations des entreprises à investir au vu des incertitudes pesant sur le processus de Brexit. Pour l'ensemble de l'année, un panel d'économistes indépendants sondés par le Trésor ne prévoit qu'une croissance du PIB de 1,4%, après 1,8% en 2017.

- Rebond de l'inflation ? -

Malgré le rebond des ventes au détail d'avril, l'Office des statistiques nationales (ONS) a brossé un tableau peu enthousiasmant de la consommation au Royaume-Uni.

"De façon générale, l'activité reste mitigée et le volume des biens vendus lors des six derniers mois est resté peu ou prou stable", a souligné Rob Kent-Smith, statisticien à l'ONS.

"Sur le long terme, les ventes au détail ont considérablement ralenti: des hausses dans les magasins alimentaires et d'équipements domestiques, ainsi que du côté des ventes en ligne, sont largement compensées par des déclins dans tous les autres types de commerce au détail", a-t-il mis en exergue.

Bonne nouvelle pour les ménages, l'inflation s'est apaisée ces derniers mois, au point de ralentir à 2,4% en avril sur un an - son rythme le plus faible depuis mars 2017 -, d'après des statistiques distinctes publiées mercredi par l'ONS. Les prix à la consommation avaient augmenté de plus de 3% de septembre à janvier dernier.

Mais l'inflation pourrait repartir en hausse, sous la pression de prix de l'essence enflammés par la montée des cours du pétrole sur fond de tensions géopolitiques, particulièrement autour de l'Iran et du Venezuela.

"Les changements des prix de l'essence sont plus immédiatement visibles comparés à ceux d'autres biens, et c'est quelque chose que les ménages achètent souvent", a souligné James Smith, économiste chez ING. "En conséquence, l'impact sur la confiance pourrait être notable", ajoute-t-il.

La livre sterling est légèrement montée après la publication de l'ONS, les cambistes voyant dans le rebond de la consommation d'avril un élément pouvant convaincre la Banque d'Angleterre d'élever à terme son taux d'intérêt.

afp/jh