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par Andy Sullivan et Sarah N. Lynch

WASHINGTON, 25 mars (Reuters) - Le procureur spécial Robert Mueller n'a pas trouvé de preuve permettant de dire que Donald Trump s'est rendu coupable de collusion avec la Russie lors de la campagne présidentielle de 2016, a déclaré dimanche le secrétaire à la Justice William Barr qui a en outre estimé que rien ne permettait de lui imputer une quelconque obstruction à la justice.

Robert Mueller, qui a enquêté pendant deux années pour établir si la Russie a favorisé la défaite de la candidate démocrate Hillary Clinton, n'a par ailleurs trouvé aucune preuve permettant de dire si un ou plusieurs membres de l'équipe de campagne de Donald Trump a conspiré avec la Russie.

"Si ce rapport ne conclut pas que le président a commis un délit, il ne l'exonère pas non plus", a déclare le secrétaire à la Justice William Barr citant Robert Mueller.

Ce dernier estimait qu'il revenait au secrétaire à la Justice de dire si un délit a été commis pour ce qui relève d'une éventuelle obstruction au cours de la justice.

En week-end en Floride, Donald Trump n'a pas tardé à réagir sur Twitter. "AUCUNE COLLUSION, AUCUNE OBSTRUCTION, EXONÉRATION COMPLÈTE ET TOTALE", a-t-il écrit en écho aux propos prononcés un peu plus tôt par sa porte-parole Sarah Sanders et son avocat Rudolf Giuliani.

"C'est une honte que notre pays ait dû traverser cela (...) C’était une attaque illégale qui a échoué. Et j'espère que quelqu'un va regarder de l’autre côté", a déclaré Trump à la presse avant d'embarquer à bord de son avion Air Force One pour rentrer à Washington.

Un porte-parole de la Maison blanche a ensuite indiqué que Donald Trump n'envisageait pas pour l'instant de réclamer l'ouverture d'une enquête du département de la Justice sur les opposants politiques du président.

Selon la synthèse du rapport Mueller, rédigée par William Barr, aucun membre de l'équipe de campagne n'a collaboré avec la Russie malgré les propositions répétées d'individus associés aux intérêts russes.

LES DÉMOCRATES RÉCLAMENT LA PUBLICATION DE L'INTÉGRALITÉ DU RAPPORT

Ce rapport risque de provoquer un vif débat à Washington où les démocrates vont réclamer la publication intégrale du rapport Mueller et s'efforcer de porter le combat sur la question de l'obstruction à la justice, laissée ouverte par le procureur Robert Mueller.

William Barr a considéré sur ce point que les preuves étaient trop minces pour que Donald Trump soit mis en cause. Les adversaires du président lui reprochent au contraire d'avoir entravé l'enquête russe lorsqu'il a limogé le directeur du FBI James Comey.

Nancy Pelosi, qui préside la Chambre des représentants dominée par les démocrates, et Chuck Schumer, chef de file de la minorité démocrate au Sénat, ont jugé que la synthèse rédigée par William Barr "posait autant de questions qu'elle apportait de réponses" et exigé du secrétaire à la Justice qu'il publie l'intégralité du rapport Mueller.

Le président de la commission judiciaire à la Chambre des représentants, le démocrate Jerrold Nadler, a appelé William Barr à témoigner devant le Congrès, citant des "divergences très préoccupantes et une décision finale prise par le département de la Justice".

Début mars, la commission judiciaire de la Chambre des représentants a lancé une enquête sur de possibles obstructions à la justice et abus de pouvoir du président et a demandé à pas moins de 81 personnes et institutions de lui fournir des documents, dont des membres de la famille du président, des membres actuels ou passés de l'administration Trump.

Le président a toujours réfuté avoir collaboré avec la Russie ou avoir fait obstruction au cours de la justice. La Russie a quant à elle toujours démenti son implication dans le processus électoral américain, même si les agences américaines de renseignement affirment le contraire.

L'affaire empoisonne la présidence de Donald Trump depuis son investiture, mais les premiers signes depuis le bouclage de l'enquête étaient plutôt encourageants pour le président et son entourage, puisque le procureur Mueller n'a demandé aucune inculpation supplémentaire lorsqu’il a remis le rapport à William Barr vendredi.

L'enquête sur les soupçons de complot entre l'équipe de Trump et Moscou aux dépends de la candidate démocrate Hillary Clinton lors de la campagne pour la présidentielle de 2016 semble donc achevée.

Trente quatre personnes et trois entreprises ont été inculpées dans le cadre de l'"enquête russe", qui a d'ores et déjà valu des peines de prison ferme à Paul Manafort, ancien directeur de campagne de Donald Trump, et à Michael Cohen, qui a longtemps été l'avocat personnel du président. (avec Doina Chiacu, David Morgan, Mark Hosenball, Jason Lange, Susan Cornwell, Alexandra Alper et Nandita Bose à Washington, Robert Rampton à Palm Beach; Jean-Philippe Lefief, Nicolas Delame et Arthur Connan pour le service français)