Marseille (awp/afp) - Deux jours après la dissolution des Soulèvements de la terre, les dernières gardes à vue ont été levées vendredi dans l'enquête sur l'action en décembre contre une cimenterie Lafarge près de Marseille, opération spectaculaire soutenue à l'époque par le collectif écologiste.

Aucune des 17 personnes interpellées n'a été présentée à un juge d'instruction pour une éventuelle mise en examen, mais deux seront convoquées ultérieurement devant le magistrat instructeur, a indiqué le parquet d'Aix-en-Provence à l'AFP.

Huit premières gardes à vue avaient été levées jeudi matin et les dernières l'ont été vendredi, a précisé le parquet.

L'enquête est menée par des juges d'instruction d'Aix-en-Provence pour "dégradation en bande organisée par moyen dangereux", "dégradation en réunion" et "association de malfaiteurs".

Parmi les interpellés figuraient notamment un militant d'Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV) employé à la ville de Marseille, dont le parti écologiste avait dénoncé l'interpellation, et un photojournaliste qui effectuait un travail documentaire au long cours sur le collectif SLT.

Une première vague d'une quinzaine d'interpellations et gardes à vue avait eu lieu début juin dans le cadre de l'enquête sur l'action menée contre cette cimenterie, et s'était déjà terminée par des remises en liberté sans poursuites.

Les interpellations de juin ont notamment été menées par des policiers de la Sous-direction antiterroriste (Sdat) et la plupart des gardes à vue menées dans les locaux de ce service à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

Le parquet d'Aix s'était gardé d'établir un lien entre ces arrestations et SLT.

Mais plusieurs des personnes interpellées mardi l'avaient été en Loire-Atlantique et notamment au sein de l'ex-zone à défendre (ZAD) contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. C'est précisément dans cette ex-ZAD près de Nantes que s'était créé en janvier 2021 Les Soulèvements de la terre (SLT), collectif hétéroclite d'associations, syndicats et groupements.

"Désarmement" ___

Quelques heures après ces interpellations, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé qu'il présenterait dès le lendemain en conseil des ministres le décret de dissolution de SLT, procédure engagée fin mars après les violents affrontements entre gendarmes et opposants aux retenues d'eau de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), dont le ministre avait imputé la responsabilité au mouvement, qualifiant certains des militants "d'écoterroristes".

La dissolution de SLT a de fait été prononcée mercredi, une décision immédiatement contestée devant la justice administrative par les avocats du groupement et vivement critiquée à gauche et par les écologistes

En décembre dernier, SLT avait apporté son soutien au "désarmement", selon le terme des activistes, de la cimenterie de Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône), sans toutefois revendiquer cette action spectaculaire.

Le samedi 11 décembre, plusieurs dizaines d'activistes vêtus de combinaisons blanches à capuche avaient pris pour cible la cimenterie, y occasionnant d'importants dégâts, avant de réussir à repartir sans qu'aucun ne soit interpellé.

Dans une vidéo de l'opération, postée sur plusieurs sites, on voyait des membres du groupe s'en prendre à une caméra de surveillance à coups de marteau ou à un tuyau à coups de hachette et ce qui semblait être des débuts d'incendies dans des camions stationnés.

Un texte anonyme accompagnant cette vidéo avait revendiqué l'action contre le "cimentier-pollueur" en précisant que celle-ci avait été menée par "200 personnes (qui) ont envahi et désarmé par surprise l'usine Lafarge de la Malle à Bouc-Bel-Air".

Outre la pollution générée par les activités de BTP, les activistes avaient reproché à l'industriel ses activités en Syrie en lien avec l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), pour lequel le groupe Lafarge est mis en examen en France pour complicité de crimes contre l'humanité et a accepté de payer aux Etats-Unis une sanction financière de 778 millions de dollars.

afp/rp