En dépit de l'interdiction par l'autorité de la concurrence britannique (CMA) pour MyFerryLink (ex-SeaFrance) et filiale d'Eurotunnel d'assurer les liaisons transmanche depuis le port de Douvres, le titre du groupe progressait de 2,10% à 9,84% sur le SBF 120. Une mansuétude des marchés qui peut surprendre mais qui s'explique par le fait que le verdict de la CMA fait office, en quelque sorte, « de mal pour un bien », le groupe s'étant, par le biais d'une décision au demeurant défavorable, ainsi délesté du foyer de pertes que constitue MyFerryLink.

Un point de vue loin d'être partagé par la direction d'Eurotunnel, furieuse de voir une seconde fois, après un premier jugement en juin 2013, sa filiale interdite de desserte du port de Douvres, et ce pour une durée de dix ans.

Car pour l'autorité britannique, Eurotunnel a singulièrement mis à mal la concurrence en rachetant en 2012 les bateaux de l'ex-SeaFrance et en les louant à MyFerryLink, société montée par les salariés de la compagnie en faillite. Alors que dans le même temps, Eurotunnel exploite la ligne ferroviaire concurrente, ce qui permet au groupe d'être présent sur les deux segments de marché.

Le groupe franco-britannique dispose maintenant de six mois pour arrêter son service ou trouver un repreneur pour les ferries de MyFerryLink, afin que la compagnie soit "complètement indépendante" de l'opérateur du tunnel sous la Manche. Le groupe franco-britannique a qualifié cette décision d'aberrante, confirmant sa volonté de faire appel.

Les analystes estiment que cette interdiction peut, paradoxalement, s'avérer profitable à Eurotunnel et ainsi constituer un catalyseur important à la revalorisation du groupe.

S.H