par David Bailey et Soyoung Kim

Le groupe a également dit qu'il allait supprimer 2.500 emplois administratifs et commerciaux et qu'il tirerait sur des lignes de crédit disponibles d'un montant total de 10,1 milliards de dollars, après avoir consommé 5,5 milliards de dollars de trésorerie sur les trois derniers mois de l'année 2008 dans un contexte de chute des ventes.

Sur l'ensemble de l'année, la perte annuelle, la troisième d'affilée, s'élève à 14,6 milliards de dollars et sa consommation de trésorerie a été de 21 milliards de dollars.

Ford a toutefois assuré qu'il serait en mesure de mieux conserver son cash cette année si, comme le deuxième constructeur américain le prévoit, les ventes de voitures neuves aux Etats-Unis se stabilisent au second semestre.

En plus de l'utilisation de lignes de crédit, Ford va également différer le versement de deux milliards de dollars promis à un fonds associé au syndicat United Auto Workers (UAW) dans l'espoir d'améliorer sa position en cash pour le trimestre en cours.

"Nous avons décidé de ces mesures en raisons de nos inquiétudes croissantes au sujet de l'instabilité du marché des capitaux", a déclaré Alan Mulally, directeur général de Ford, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes financiers.

Ces derniers saluent les talents d'anticipation d'Alan Mulally, qui a contracté des emprunts massifs en 2006, juste avant que l'accès au marché du crédit se ferme et que les ventes de voitures commencent à plonger.

"Ford fait ce qu'il peut pour éliminer des coûts mais il faut également que l'autre composante de l'équation - les ventes - s'améliore", a déclaré Erich Merkle, analyste automobile indépendant.

Vers 16h15 GMT, le titre Ford perd 1,97% à 1,99 dollar alors que l'indice S&P 500 cède dans le même temps 1,67%. General Motors recule dans le même temps de 0,58%.

La perte nette de Ford a atteint 5,88 milliards de dollars sur les trois derniers mois de l'année, soit 2,46 dollars par action, au quatrième trimestre, contre une perte de 2,8 milliards (1,33 dollar/action) un an plus tôt.

La perte des activités poursuivies, hors éléments exceptionnels, ressort à 3,27 milliards de dollars, soit 1,37 dollar par action. Sur cette base, les analystes financiers anticipaient en moyenne une perte de 1,23 dollar par action selon Reuters Estimates.

AUCUN SIGNE DE REPRISE

La branche financement automobile du constructeur, Ford Motor Credit, va supprimer 1.200 emplois, soit 20% de ses effectifs. Ford a ajouté qu'il avait presque bouclé les 1.300 suppressions d'emplois annoncées en novembre.

Le groupe a également dit qu'UAW avait accepté de suspendre la banque des emplois, un programme qui assurait aux travailleurs syndiqués dont l'emploi avait été supprimé de toucher la quasi-totalité de leur salaire. A fin 2008, quelque 1.500 personnes entraient dans le cadre ce programme.

L'arrêt de la banque des emplois d'UAW a été l'une des conditions imposées par le gouvernement fédéral à General Motors et Chrysler pour pouvoir bénéficier de prêts-relais.

"Nous vivons la période la plus volatile que je n'ai jamais vue. Et nous ne voyons aucun signe de reprise", a déclaré Lewis Booth, directeur financier de Ford, devant des journalistes.

Il a toutefois ajouté qu'il anticipait un début de stabilisation du marché américain au second semestre.

Ford Motor Credit, normalement une source de profits, a accusé une perte trimestrielle de 372 millions de dollars en raison de pertes sur dérivés et d'un plus faible volume de prêts.

Volvo, la marque suédoise premium que Ford veut vendre, a enregistré une perte imposable de 736 millions de dollars alors que le résultat était à l'équilibre il y a un an.

Ford a terminé l'année 2008 avec 13,4 milliards de dollars de liquidités et ajouté qu'il recevrait les 10,1 milliards des lignes de crédit le 3 février.

Le constructeur a requis une ligne de crédit de neuf milliards auprès de l'Etat fédéral afin de bénéficier d'une marge de manoeuvre en cas de nouvelle détérioration de la conjoncture économique mondiale.

Ford devrait également recevoir cinq milliards de prêts directs dans le cadre d'un programme gouvernemental encourageant les projets permettant des économies de carburant.

Les ventes de voitures neuves aux Etats-Unis ont chuté de 18% en 2008 et devraient encore baisser cette année, ce qui serait le quatrième repli annuel consécutif.

En tablant sur des volumes compris entre 11,5 et 12,5 millions d'unités pour 2009, Ford se montre plus optimiste que bon nombre de prévisionnistes.

Version française Marc Angrand et Benoit Van Overstraeten