"Il ne serait pas judicieux" d'évoquer une fusion dès à présent, a-t-il déclaré à des journalistes lors d'un déplacement à Rome, rappelant que ce point ne figurait pas dans l'accord franco-italien conclu fin septembre 2017.

L'accord permettant à Fincantieri de racheter la moitié du capital des chantiers navals STX France prévoyait également l'examen, avant juin 2018, de la possibilité d’un rapprochement entre Naval Group et Fincantieri à l'issue d'une réflexion sur la création d'un champion européen du naval militaire.

Pour Bruno Le Maire, les deux groupes doivent poursuivre leurs discussions "à leur propre rythme".

Dans un communiqué commun diffusé après leur rencontre, Bruno Le Maire et son homologue italien Giovanni Tria ont salué "le travail important entrepris" par Fincantieri et Naval Group et indiqué qu'ils feraient "le point sur les progrès réalisés", notamment avec leurs collègues chargés de la Défense, "sur la base des détails fournis récemment aux deux gouvernements sur le projet industriel".

ACTIFS STRATÉGIQUES

Une source gouvernementale française, s'exprimant sous condition d'anonymat, a déclaré que Naval Group (dont Thales détient 35%) ne pouvait pas être privatisé et précisé que certaines de ses activités, comme la construction de sous-marins nucléaires, constituaient des actifs stratégiques ne pouvant pas passer sous pavillon étranger.

Concernant l'opération STX-Fincantieri, Bruno Le Maire a précisé que la France n'avait pas changé d'avis, dissipant les craintes de voir cette opération pâtir des récentes tensions - notamment sur la question des migrants - entre Paris et le gouvernement italien de coalition entre le M5S (anti-système) et la Ligue (extrême droite).

"L'Italie et la France partagent le même désir de boucler la fusion STX-Financtieri, qui donnera naissance à l'un des plus gros chantiers navals civils du monde", a-t-il dit à la presse.

Selon les termes de l'accord conclu l'an dernier, l'Etat français laisse le contrôle effectif de STX France à Fincantieri, en lui prêtant 1% du capital de STX, mais des clauses de révision sont prévues pour garantir la protection des intérêts français.

Bruno Le Maire, qui a également rencontré le vice-président du Conseil italien et dirigeant du M5S Luigi Di Maio, a déclaré que la France attendait toujours que le nouveau gouvernement italien, au pouvoir depuis début juin, fasse connaître sa position sur le projet de construction d'une ligne à grande vitesse reliant Lyon à Turin.

BON VOISINAGE

Pour autant, il a démenti toute tension entre Paris et Rome sur ce sujet, alors que Luigi Di Maio a réclamé un réexamen du projet.

Le M5S avait promis lors de la campagne électorale du printemps de revenir sur ce projet jugé dispendieux et obsolète mais la Ligue, son partenaire de coalition, y est favorable.

"La position de Luigi Di Maio ne me choque pas. Ce sont des questions légitimes et nous devons en discuter ensemble", a déclaré Bruno Le Maire.

"Ce n'est pas la France d'un côté totalement en faveur d'un tunnel (sous les Alpes) et l'Italie de l'autre, qui y serait complètement opposée. (...) C'est beaucoup plus compliqué que ça", a-t-il estimé.

Au-delà de ces dossiers bilatéraux, le ministre français a précisé que la France et l'Italie partagaient la même vision sur l'avenir de la zone euro et de l'Union européenne.

"Sur la zone euro, franchement, l'Italie est le pays avec lequel nous partageons les positions les plus proches", a déclaré Bruno Le Maire.

Dans leur communiqué commun, Bruno Le Maire et Giovanni Tria disent avoir "convenu de la nécessaire amélioration du fonctionnement de l'Union économique et monétaire" et s'être "mis d'accord sur la priorité à accorder à l'achèvement de l'union bancaire dans toutes ses composantes et à la création d'un budget de la zone euro".

(Crispian Balmer, Myriam Rivet pour le service français, édité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : Thales, Fincantieri SpA