Berlin (awp/afp) - Acteurs clés du marché immobilier allemand, le groupe Vonovia et son rival Deutsche Wohnen ont annoncé lundi soir leur projet de fusion dans une opération à 19 milliards d'euros et promettent de redorer leur image de bailleurs privés.

"Vonovia et Deutsche Wohnen décident d'unir leurs forces pour relever les grands défis du marché du logement", indique dans un communiqué Vonovia, qui a lancé l'offre de rachat amicale sur son concurrent.

Le numéro un allemand assure qu'il en résultera "une entreprise orientée vers les locataires et socialement responsable".

La troisième tentative de fusion devrait être la bonne: Deutsche Wohnen, deuxième société immobilière du pays, a indiqué dans un communiqué distinct que "le conseil d'administration et le conseil de surveillance soutiennent l'offre".

"Les actionnaires recevront 52 euros en espèces par action plus le dividende de 1,03 euro qui sera décidé lors de l'assemblée générale annuelle de Deutsche Wohnen", selon la même source.

L'offre sera officiellement faite aux actionnaires fin juin, et les deux parties visent à boucler l'opération d'ici la fin août.

Une précédente offre de rachat s'était heurtée en 2016 au refus de Deutsche Wohnen, qui estimait trop bas le prix proposé, et de ses actionnaires.

L'offre de Vonovia est cette fois plus alléchante et bien au-dessus du cours de l'action de son rival qui a clôturé à 44,99 euros à la bourse de Francfort vendredi.

Pénurie

Dans une Allemagne où environ 85% des résidents sont locataires, les grands fonds immobiliers comme Deutsche Wohnen et Vonovia jouent un rôle de premier plan dans le secteur du logement.

La fusion des deux groupes cotés au Dax des 30 plus grandes entreprises allemandes va donner naissance à un géant fort d'un parc de plus de 500.000 logements, premier acteur européen du secteur, affirment-ils.

Les futurs alliés promettent d'être exemplaires: ils veulent "agir en partenariat étroit avec les décideurs politiques".

Ils s'engagent notamment à "limiter les augmentations de loyer jusqu'en 2026" et à construire de "nouveaux appartements pour Berlin", la capitale frappée depuis plusieurs années par une envolée du prix des loyers et un manque de logements abordables.

Or Deutsche Wohnen souffre d'une réputation sulfureuse qui lui vaut de symboliser l'avidité des investisseurs immobiliers. Le groupe s'est fortement développé durant les années 2000 en rachetant de grands parcs immobiliers, notamment publics, dans la capitale.

Quelque 70% du parc de Deutsche Wohnen se trouve à Berlin.

Dimanche, une manifestation contre la flambée des prix de l'immobilier a rassemblé plusieurs milliers de personnes dans la capitale.

Vonovia a multiplié de son côté les acquisitions ses dernières années, avec l'autrichien Buwog pour 5 milliards d'euros ou son concurrent suédois Hembla pour plus d'un milliard.

"Il y a une pénurie d'appartements abordables et adaptés à chaque génération, de nombreux bâtiments doivent être rénovés pour améliorer leur efficacité énergétique", affirme Rolf Buch, PDG de Vonovia cité dans le communiqué. "La fusion avec Deutsche Wohnen nous donnerait la possibilité de relever ces défis avec force".

Ce dernier prendrait la tête du nouveau géant, avec Michael Zahn, le PDG de Deutsche Wohnen comme adjoint.

Image sulfureuse

Vonovia et Deutsche Wohnen accepteront dans ce cadre "de limiter l'augmentation régulière des loyers pour l'ensemble de leurs portefeuilles berlinois à un maximum de 1% par an au cours des trois prochaines années et à la compensation de l'inflation au cours des deux années suivantes".

Dans le même temps, "la charge imposée aux locataires par la modernisation énergétique des logements sera aussi basse que possible".

Le futur groupe veut aussi "offrir au Land de Berlin la possibilité d'acquérir un nombre important d'appartements provenant des portefeuilles des deux sociétés".

Deutsche Wohnen a souvent été accusé par les associations de locataires de ne pas assez investir dans les rénovations et d'exagérer la hausse des loyers.

Résultat de cette frustration: une campagne a été lancée par des activistes berlinois pour obtenir un référendum local visant à forcer la municipalité à "exproprier" les société immobilières et racheter leur parc de logements.

La coalition de gauche au pouvoir à Berlin avait aussi pris récemment une mesure inédite de plafonnement des loyers mais elle a été invalidé en avril par la Cour constitutionnelle.

afp/al