Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris a subi de lourdes pertes lundi, craignant que les tensions au sujet de l'Ukraine, qui se sont accrues pendant le week-end, ne dégénèrent en conflit armé.

L'indice vedette CAC 40 a perdu 159,40 points, soit 2,27%, à 6.852,20 points. Il subit ainsi une troisième séance de baisse consécutive, après avoir déjà cédé 1,27% vendredi et 0,41% jeudi.

La cote Parisienne a plongé dès l'ouverture, frôlant son plus bas de l'année à la mi-journée, à 6.758,05 points, perdant plus de 3,50%. Elle a ensuite rebondi en début d'après midi, mais a terminé en forte baisse, sa deuxième pire baisse de l'année, après le 24 janvier.

Les investisseurs ont dû digérer l'escalade des tensions entre la Russie et les Etats-Unis et l'Europe depuis la clôture vendredi au sujet de l'Ukraine.

Lundi encore, le G7 s'est dit prêt à imposer des sanctions aux "conséquences massives" pour la Russie en cas d'agression militaire contre l'Ukraine.

"Cela fait une dizaine de jours que ce sujet est l'un des principaux catalyseurs pour les marchés, avec le resserrement monétaire aux Etats-Unis. Mais il est difficilement maîtrisable et anticipable", résume Andrea Tueni, analyste de Saxo Banque.

Le répit à la mi-journée a notamment été permis par la déclaration du ministre russe des Affaires étrangères, qui a encore vu "une chance" de compromis avec l'Occident.

"Mais on sent bien que cela reste fragile. L'environnement est indécis, et dans ce cas là, les investisseurs s'éloignent des actifs risqués", comme les actions, décrit M. Tuéni.

A l'inverse, les acteurs de marché privilégient des investissements plus sûrs, comme les obligations. Ainsi, les rendements sur le marché de la dette souveraine ont nettement baissé dans la matinée, le 10 ans français tombant à en séance 0,70% contre 0,77% à la clôture vendredi.

Mais le mouvement s'est arrêté avec la perspective d'un resserrement monétaire imminent aux Etats-Unis, le rendement français à 10 ans s'établissant finalement à 0,75%.

Pour lutter contre l'inflation, qui a atteint 7,5% sur un an en janvier, la Réserve fédérale américaine tient depuis plusieurs semaines un discours agressif, et les courtiers la sentent prête à passer à l'action prochainement avec de vigoureuses remontées de ses taux directeurs, son principal outil contre la hausse des prix.

James Bullard, le président de la Fed de Saint Louis, connu pour ses positions en faveur d'une politique plus stricte, a affirmé qu'il en allait "de la crédibilité de la Fed" d'agir.

Malgré ce lundi difficile, "le marché a prouvé sa capacité de rebond plusieurs fois ces derniers mois. Il n'est pas impossible de combler les pertes d'ici la fin de la semaine", nuance M. Tuéni.

Les banques paient le plus cher

Le secteur bancaire a le plus souffert de l'environnement de marché, avec la crise en Ukraine et la baisse des rendements obligataires. Société Générale a plongé de 6,05% à 33,80 euros, BNP Paribas de 4,85% à 61,75 euros et Crédit Agricole de 3,53% à 13,56 euros. L'assureur Axa a aussi trébuché de 2,97% à 27,58 euros.

Industrielles et minières acculées

Autres victimes du mouvement, les valeurs les plus sensibles à l'activité économique, et vues par les investisseurs comme plus risquées. Renault a chuté de 4,33% à 34,39 euros, Saint-Gobain de 2,68% à 60,63 euros, Stellantis de 2,51% à 16,34 euros.

La minière ArcelorMittal a aussi lâché 6,26% à 26,34 euros et Aperam 1,56% à 51,74 euros.

TF1 surfe encore sur ses résultats

Parmi les rares valeurs sur l'indice élargi SBF 120 à être dans le vert, TF1 gagnait 1,28% à 9,10 euros, après ses bons résultats en fin de semaine dernière. M6 a grappillé 0,21% à 18,70 euros.

Orpea a tenté un nouveau rebond, prenant 5,83% à 37,04 euros.

Des valeurs technologiques comme OVH Cloud (+0,90% à 23,04 euros) ou Ubisoft (+0,08% à 50,44 euros) ont aussi bien résisté.

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