Force ouvrière, syndicat majoritaire dans l'entreprise, a évoqué une "mobilisation historique" avec 50% de grévistes dans 180 hypermarchés engagés dans le mouvement, soit "entre 40 et 50 magasins fermés ou complètement bloqués".

Pour ce qui est des supermarchés Carrefour Markets, le taux de grévistes était de 40%, toujours selon FO, qui parle de 80 magasins de proximité fermés.

"Force ouvrière attend de Carrefour un arrêt de l'épreuve de force et un retour à la négociation", a fait savoir dans un communiqué Michel Enguelz, délégué national Force ouvrière Carrefour.

Selon la direction du groupe, interrogée par Reuters, 80% des 220 hypermarchés et 100% des supermarchés étaient ouverts à la mi-journée, et aucun site logistique n'était bloqué. Certains magasins bloqués dans la matinée ont ensuite rouvert, comme à Monaco.

Selon Dejan Terglav, secrétaire général FO de Carrefour, les syndicats (FO, CGT, CFDT, notamment) pourraient se réunir mardi, après le week-end pascal, pour décider de la suite à donner au mouvement.

Carrefour a annoncé le 23 janvier un vaste plan de transformation pour retrouver sa compétitivité, qui passe par des réductions d'effectifs, la vente de certains magasins Dia et des investissements dans le numérique.

DÉPARTS VOLONTAIRES

Un plan de départs volontaires sera mis en place pour 2.400 salariés en France.

Les salariés dénoncent aussi le passage de la prime de participation de 600 euros à 57 euros correspondant, selon la direction, au calcul légal aligné sur les résultats en baisse de Carrefour en 2017.

"Consciente de ce que cela représente en terme de pouvoir d'achat pour les salariés, notamment pour les plus bas salaires", la direction a proposé début mars de "compenser cette baisse par le versement d'un complément d'intéressement à hauteur de 350 euros", a-t-elle rappelé samedi. Ajouté aux 57 euros, les collaborateurs pourraient selon elle bénéficier d'un "forfait" de 407 euros.

"Les salariés ne peuvent pas encaisser des coups en permanence", a déclaré au micro de BFM Business Sylvain Macé, délégué CFDT. "Comment l'entreprise peut-elle décider de restructurer parce que ça va assez mal et décider de redistribuer 45% des résultats nets du groupe, soit 350 millions d'euros, sous forme de dividendes ? Cela devient intenable."

Les grévistes ont reçu le soutien de certains élus comme le député La France insoumise du Nord Adrien Quatennens.

"Avec les salariés de #Carrefour mobilisés à #Lille pour leur pouvoir d’achat, contre les suppressions de postes, les fermetures de magasins et le gavage des actionnaires", a-t-il écrit sur son compte Twitter.

(Elizabeth Pineau avec Dominique Vidalon et Pascale Denis, édité par Jean-Stéphane Brosse)