* Un audit montre du doigt le financement du projet

* Arrêt de la procédure de PPP, l'Union sera sollicitée début 2014

* Le dossier technique est remis à plat

* Cuvillier se défend d'enterrer ce dossier emblématique du Grenelle (Actualisé avec communiqué Cuvillier et précisions)

PARIS, 26 mars (Reuters) - Le ministre des Transports a annoncé mardi la remise à plat du projet de canal Seine-Nord Europe et son intention de demander une aide européenne de 1,3 milliard d'euros pour que cette infrastructure puisse espérer voir le jour.

L'un des chantiers emblématiques du Grenelle de l'environnement, organisé en 2008 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, ce canal long de 106 kilomètres est destiné à relier les bassins de la Seine au nord de l'Europe et à convertir une partie du trafic poids lourds en trafic fluvial.

Le calendrier initial prévoyait un début de travaux en 2012 pour une mise en service en 2016, mais l'appel d'offres a été suspendu l'an dernier par le gouvernement socialiste en attendant les conclusions d'un audit financier sur la faisabilité du canal.

"Ce rapport porte un jugement très sévère sur le pilotage d'un projet qui paraît aujourd'hui en échec, en particulier en raison d'une dérive des coûts qui n'a jamais été mise en lumière", a déclaré Frédéric Cuvillier, ministre des Transports dans un communiqué. "La mission préconise un report du projet à une période économique plus favorable. Mais Frédéric Cuvillier ne fait pas sienne cette conclusion et ne se résout pas à un échec annoncé."

Le ministre a décidé de remettre à plat le projet initial, arrêtant la procédure de partenariat public-privé à laquelle les trois groupes de BTP Vinci, Bouygues et Eiffage avaient l'intention de prendre part.

Il a également annoncé la remise à plat du dossier dans ses aspects techniques et installé une "mission de reconfiguration" confiée au député PS du Nord Rémy Pauvros. Sur l'aspect financier, le ministre compte solliciter davantage l'Union européenne.

"Je compte présenter un nouveau dossier avec une demande de 30% de financement européen sur la part publique, soit 1,3 milliard d'euros sur la période 2014-2020", a dit Frédéric Cuvillier dans une interview au Monde daté de mercredi. "Les demandes de subventions doivent être prêtes d'ici au premier trimestre 2014."

La période de financement évoquée correspond toujours au calendrier encore officiellement en vigueur en octobre dernier: un début de travaux en 2014 et une mise en service en 2020.

D'après le projet initial, le coût de la construction du canal Seine-Nord Europe était évalué à 4 milliards d'euros environ, dont 6,6% devait être apportés par l'Europe. Selon Frédéric Cuvillier, le projet est désormais estimé à plus de 7 milliards d'euros.

Dans sa mouture initiale, le canal devait créer 4.500 emplois directs le temps du chantier et 25.000 emplois durables dans la logistique, l'industrie et le transport. (Blandine Hénault et Gilles Guillaume, édité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : BOUYGUES, EIFFAGE, VINCI