L'estimation de la hausse des prix publiée par Eurostat jeudi pour le mois qui s'achève est inférieure à la plus basse des 42 estimations d'économistes recueillies par Reuters, qui s'échelonnaient de 0,9% à 1,4%.

C'est en outre la première fois depuis février 2010 que le taux d'inflation annuel repasse sous le seuil de 1%. En septembre, les prix avaient augmenté de 1,1 sur un an et les économistes prévoyaient en moyenne un chiffre inchangé en octobre.

La BCE, qui réunit jeudi prochain son Conseil des gouverneurs, se fixe pour objectif de contenir l'inflation légèrement en dessous de 2% à moyen terme. Son taux de refinancement ("refi"), le principal instrument de sa politique monétaire, est actuellement fixé à 0,5%, son plus bas niveau historique.

"Nous pensons que décembre sera le moment le plus propice pour une baisse de 25 points de base du taux refi, conjointement à une nouvelle vague de prévisions faibles des équipes de la BCE en matière d'inflation, y compris pour 2015", estime Ken Wattret, chef économiste pour la zone euro de BNP Paribas.

La zone euro a certes renoué avec la croissance au deuxième trimestre mais l'austérité budgétaire, le chômage élevé et le manque de confiance des entreprises comme des ménages dans les perspectives économiques empêchent un rebond solide et rapide.

A ces facteurs s'ajoute la vigueur de l'euro, en hausse quasi-ininterrompue depuis début septembre, qui pénalise les exportations des 17.

Jeudi, les chiffres publiés par Eurostat et le sentiment d'une probabilité accrue d'une baisse des taux ont toutefois fait reculer la monnaie unique, qui s'échangeait à 1,3634 dollar vers 15h00, contre 1,3730 la veille.

PRÈS DE 19,5 MILLIONS DE CHÔMEURS

En octobre, les prix de l'alimentation, des boissons et du tabac ont augmenté de 1,9% mais ceux de l'énergie ont reculé de 1,7% par rapport à l'an dernier, précise Eurostat.

Hors énergie, alimentation, alcools et tabac, l'inflation a ralenti à 1,1% sur un an, contre 1,4% en septembre, précise l'institut de la statistique de l'Union.

Parallèlement, Eurostat a révisé à la hausse, à 12,2%, le taux de chômage de la zone euro en août, alors qu'une première estimation, le mois dernier, l'avait donné en baisse à 12,0%, alimentant l'espoir de voir le début de reprise profiter à l'emploi. Et l'estimation pour septembre le donne inchangé à 12,2%.

Ces pourcentages correspondent à une augmentation de 60.000 du nombre de demandeurs d'emplois dans la zone euro en septembre, à 19,447 millions.

Chez les 15-24 ans, le taux de chômage dépasse 50% dans les pays les plus touchés par la crise, comme l'Espagne ou la Grèce. Il n'est inférieur à 10% que dans deux pays, l'Allemagne et l'Autriche.

Pour la France, Eurostat fait état d'un taux de chômage de 11,1% en septembre, soit un dixième de point de plus qu'en août. L'Allemagne et l'Autriche affichent respectivement des taux de 5,2% et 4,9% alors que l'Espagne, à 26,6%, subit un taux de chômage plus de deux fois supérieur à celui de l'ensemble de la zone euro.

"Les derniers chiffres portent un coup au scénario selon lequel le marché du travail a atteint un point d'inflexion", souligne Ben May, de Capital Economics.

Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat

par Martin Santa