PARIS (Reuters) - Wall Street ne devrait pas échapper à la chute générale des marchés jeudi à l'ouverture, la crainte suscitée par l'attaque de Moscou en Ukraine coupant l'appétit des investisseurs pour les actifs risqués et provoquant une envolée des cours pétroliers.Les contrats à terme à Wall Street indiquent une ouverture en baisse de 2,41% pour le Dow Jones, de 2,59% pour le S&P et de 3,25% pour le Nasdaq 100.

Si l'ampleur de la baisse se confirme, ce dernier devrait entrer en marché baissier ("bear market"), c'est à dire une baisse de 20% par rapport à son récent plus haut, en novembre en l'occurrence.

L'Europe boursière est quant à elle entrée en zone de correction, caractérisée par un recul de plus de 10%.

L'indice Stoxx 600, en perdant 3,96%, porte son repli à 11,8%. A Paris, le CAC 40 cède 4,77% à 6.457,25 à 13h33 GMT, au plus bas depuis octobre. À Francfort, le Dax chute de 5,21%, proche du creux d'un an atteint plus tôt en séance, et à Londres, le FTSE cède 2,99%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 abandonne 3,61% et l'EuroStoxx 50 de la zone euro 4,92%.

La Russie a lancé jeudi une offensive de grande ampleur contre l'Ukraine par voies terrestre, aérienne et maritime dans ce qui est la plus grande attaque d'un Etat contre un autre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, confirmant les inquiétudes des pays occidentaux.

Les autorités ukrainiennes ont fait état de plusieurs morts alors que des missiles russes se sont abattus sur des villes du pays.

"C'est la panique sur les marchés, la panique", écrit dans une note Ipek Ozkardeskaya, analyste senior chez Swissquote. "À ce stade, il est impossible de parier sur un quelconque scénario. Nous ne pouvons que suivre de près les derniers développements et nous tenir prêts à davantage de volatilité", a-t-elle ajouté.

L'indice mesurant la volatilité implicite de l'EuroStoxx 50 a pris jusqu'à 26,9% en séance, grimpant au plus haut depuis juin 2020.

Les Bourses en Asie ont clôturé en baisse, le Nikkei à Tokyo perdant 1,81%, et à Moscou, l'indice MOEX décroche de 34,56% après un plus bas en six ans.

PÉTROLE

Les cours du pétrole s'envolent à des plus hauts, l'offensive russe en Ukraine suscitant des inquiétudes sur l'éventualité d'une guerre en Europe et ses conséquences en matière d'approvisionnement énergétique mondial.

Le Brent, qui a franchi pour la première fois depuis 2014 le cap des 100 dollars, grimpe de 7,64% à 104,24 dollars.

Le brut léger américain gagne 7,22% à 98,75 dollars, après avoir atteint 100,54 en séance, un première depuis juillet 2014.

VALEURS EN EUROPE

Tous les secteurs boursiers européens reculent, celui de la banque (-7,65%) et celui de l'automobile (-6,56%) accusant les plus fortes baisses.

Parmi les plus fortes baisses du CAC 40, Société générale et BNP Paribas dévissent de 11,10% et 8,92% respectivement. Renault, exposé à la Russie via le constructeur Avtovaz qu'il contrôle, perd 10,56%.

Le compartiment de l'énergie (-0,64%) n'échappe pas au repli général malgré la hausse des cours du brut.

TAUX/CHANGES

Sans surprise, les actifs refuge sont particulièrement recherchés.

Sur le marché obligataire, le rendement du Treasuries à dix ans chute de plus de 11 points de base, à 1,8577%, et son équivalent allemand, au plus bas depuis trois semaines, s'affiche à 0,13% (-9 points de base).

L'indice mesurant les fluctuations du billet vert face à un panier de devises de référence prend 0,91%, au plus haut depuis fin janvier, et le yen prend 0,29%.,

L'euro, à 1,1183 dollar, chute de 1,11% est au plus bas depuis le 31 janvier.

Le rouble, la devise russe, a chuté de jusqu'à 10,9% dans la matinée et atteint un plus bas historique contre le billet vert

MÉTAUX

Sur le London Metal Exchange, l'aluminium a inscrit un pic record à 3.443 dollars la tonne, les actions militaires de Moscou faisant craindre des sanctions occidentales susceptibles d'impacter les chaînes d'approvisionnement venant de Russie, principal producteur.

Les autres métaux sont aussi en hausse, notamment le nickel qui a touché son plus haut niveau depuis mai 2011 à 25.610 dollars la tonne.

Profitant également de l'afflux des investisseurs vers les actifs refuges, le cours de l'or gagne 2,52% pour évoluer au plus haut depuis novembre 2020.

(Reportage Laetitia Volga, édité par Jean-Michel Bélot)

par Laetitia Volga