Londres (awp/afp) - Le groupe minier britannique Anglo American a de nouveau refusé mercredi de se faire racheter par son rival australien BHP pour former un titan du cuivre, malgré une offre améliorée, mais a laissé la porte entrouverte en acceptant de prolonger les discussions.

Une fusion entre les deux groupes serait la plus importante dans le secteur depuis des années, motivée notamment par les perspectives juteuses pour le cuivre, métal clé pour la transition énergétique.

L'offre a été relevée à 38,6 milliards de livres (45,4 milliards d'euros), contre 34 milliards pour la précédente, refusée plus tôt en mai.

Cette nouvelle copie ne répond toutefois toujours "pas aux attentes en matière de valeur" pour les actionnaires d'Anglo American, et le conseil d'administration (CA) l'a "rejetée à l'unanimité", a indiqué dans un communiqué Stuart Chambers, président du groupe britannique.

Le dirigeant a notamment épinglé la "complexité significative" et les "risques" pour les actionnaires d'Anglo American d'une offre qui prévoit, comme précédemment, de se séparer de deux filiales sud-africaines d'Anglo American, l'activité de platine et celle de minerai de fer.

"Les multiples discussions avec l'équipe BHP n'ont pas encore permis de résoudre les préoccupations sur ces questions", mais "le CA est disposé à continuer de discuter avec BHP et ses conseillers sur ce sujet et a donc demandé une prolongation d'une semaine du délai" pour la formulation d'une offre ferme, jusqu'au 29 mai, a-t-il ajouté.

BHP, qui avait fait une première offre à 31,1 milliards de livres en avril, a de son côté assuré que "l'offre finale ne sera pas augmentée" sauf dans certains cas précis, et notamment si le CA d'Anglo American "annonce qu'il recommande ou a l'intention de recommander une offre" plus élevée.

Le groupe australien s'est toutefois dit "optimiste" sur le fait de pouvoir trouver une solution aux doléances d'Anglo d'ici l'expiration du nouveau délai.

Mines de cuivre

L'action BHP a clôturé en nette baisse de 4,16% à 2.329 pence mercredi à la bourse de Londres et celle d'Anglo en hausse de 0,43% à 2.698,50 pence.

L'offensive de BHP mise largement sur le fait de mettre la main sur les mines de cuivre d'Anglo American, mais le groupe britannique compte bien capitaliser ces actifs pour son propre compte.

Anglo American a ainsi annoncé la semaine dernière un projet concurrent de véritable big bang avec la scission de plusieurs activités dont le charbon pour la métallurgie, mais aussi le platine et les diamants en Afrique du Sud, pour se concentrer sur le cuivre, le minerai de fer haut de gamme et les engrais.

Les cours du cuivre, métal utilisé dans de nombreuses applications industrielles, dont la composition de batteries de véhicules électriques, a vu ses cours s'envoler depuis un an et ils devraient continuer à grimper fortement vu la demande qui explose et les ressources limitées.

Anglo American a été fondé en 1917 en Afrique du Sud par l'industriel d'origine allemande Ernest Oppenheimer, arrivé 15 ans plus tôt après avoir commencé sa carrière à Londres.

C'est aujourd'hui l'une des plus grandes sociétés minières, cotée à la fois à Londres, où est son siège, et à Johannesburg.

Le géant australien, l'une des plus grandes entreprises minières au monde, a récemment connu une chute de son bénéfice à la suite de la baisse des cours mondiaux du nickel et à des compensations versées après une catastrophe minière survenue en 2015 au Brésil.

La proposition de BHP, et notamment la scission envisagée d'activités en Afrique du Sud, a provoqué l'émoi dans ce pays, à l'approche d'élections générales qui s'annoncent comme les plus serrées depuis des décennies.

Plus tôt mercredi, la Public Investment Corporation, groupe d'investissement du gouvernement sud-africain, actionnaire à la fois de BHP et d'Anglo American, avait appelé dans un communiqué BHP à embellir son offre "de manière significative" pour refléter "la valeur existante de ses actifs et les bénéfices futurs" que l'australien pourrait tirer de la fusion.

afp/rp