Francfort (awp/afp) - Le géant allemand de la chimie BASF, qui a de nouveau souffert d'une baisse de la demande au cours du trimestre écoulé, a annoncé mardi vouloir davantage économiser, surtout en Europe, et réduire son plan d'investissements, sauf en Chine.

Le groupe de Ludwigshafen a fait état d'un perte nette part du groupe de 249 millions d'euros au troisième trimestre, conséquence de la baisse significative des prix et de la demande dans ses principales divisions.

Dans la foulée, il a revu à la hausse à 1,1 milliard d'euros par an les économies qu'il compte réaliser d'ici 2026, après avoir annoncé en février un plan pour améliorer sa compétitivité.

Ce plan, qui vise surtout l'Europe dans les domaines hors production, doit désormais permettre "plus de 600 millions d'euros d'économies annuelles de charges d'ici fin 2024" et "plus de 700 millions" d'ici fin 2026, a détaillé Dirk Elvermann, directeur financier.

Les autres régions en dehors de l'Europe devront contribuer pour 200 millions d'économies et 200 autres millions seront pris sur le site historique de Ludwigshafen, dans l'ouest de l'Allemagne, où plusieurs unités de production vont fermer.

A terme, 2.600 emplois nets seront supprimés dans les services centraux et la recherche, selon une donnée confirmée mardi.

Le groupe plus gros consommateur de gaz d'Allemagne est devenu le symbole d'un modèle industriel fragilisé depuis la guerre russe menée en Ukraine et l'envolée des prix de l'énergie.

Le secteur de la chimie allemande, particulièrement gourmand en énergie, est l'un des plus affectés, plombés par ses coûts dans un contexte de demande mondiale au ralenti.

BASF abaisse aussi la voilure côté investissements, avec un volume désormais fixé à 24,8 milliards d'euros d'ici 2027, soit 4 milliards de moins qu'auparavant.

Objectifs confirmés

Une exception notoire: la Chine, où le chimiste allemand construit un nouveau site de production en réseau dans la province du Zhejiang, qui fait travailler actuellement 15.000 personnes sur place. Cet investissement historique de 10 milliards d'euros a été confirmé mardi en dépit d'une contraction gagnant l'Empire du Milieu.

En Europe, de nouvelles capacités "seront nécessaires bien plus tard" quand la demande aura redémarré, a ajouté Martin Brudermüller, président du directoire.

Le groupe dit toujours tenir à son objectif de réduire son empreinte carbone, mais le budget pour réduire de 25% ses émissions de CO2 d'ici 2030 sera surtout engagé vers la fin de la décennie.

Côté périmètre d'activités, la cession de la participation de 72,7% détenue dans la filiale déficitaire Wintershall Dea, produisant du gaz et du pétrole, reste suspendue à la séparation des activités en Russie, qui devrait être effective en 2024.

La branche dédiée à la fabrication de catalyseurs pour les voitures doit s'adapter au virage vers la mobilité électrique, mais "nous n'avons pas l'intention pour le moment de la vendre", a assuré M. Brudermüller, dont le mandat se termine en avril prochain.

La performante division produisant des revêtements n'est pas non plus à vendre, pas même en partie, a-t-il ajouté, après des articles de presse spéculant sur sa cession.

De juillet à septembre, le groupe produisant une large gamme de produits chimiques pour l'automobile, l'agriculture, la construction, a vu ses ventes chuter de 28%, à 15,7 milliards d'euros, et son résultat d'exploitation (EBIT) non retraité se tasser de 70%, à 394 millions d'euros, à trimestre comparable de l'an dernier.

BASF voit la production chimique mondiale "se stabiliser" lors du dernier trimestre et a confirmé ses objectifs annuels, notamment un chiffre d'affaires entre 73 et 76 milliards d'euros et un EBIT retraité entre 4,0 et 4,4 milliards d'euros, mais en finissant "dans le bas de la fourchette", selon M. Brudermüller.

A la Bourse de Francfort, le titre BASF, en recul de près de 50% depuis la guerre en Ukraine, gagnait en matinée 4,1%, en tête de l'indice Dax.

afp/lk