LUDWIGSHAFEN (dpa-AFX) - Le plus grand groupe chimique mondial BASF va supprimer 2600 emplois dans le monde. Les deux tiers de ces suppressions concernent l'Allemagne, a annoncé vendredi le groupe de la Dax. BASF avait annoncé l'an dernier un programme d'économies en raison de l'explosion des coûts de l'énergie en Europe et du ralentissement de l'économie. L'entreprise veut ainsi économiser 500 millions d'euros par an à partir de 2024 en dehors de la production, dont la moitié doit être réalisée dans l'usine mère de Ludwigshafen. Les économies de coûts se concentreront sur les services, l'entreprise et la recherche ainsi que sur le siège du groupe. En contrepartie, environ 400 millions d'euros de coûts ont été engagés dans le programme d'économies, a-t-on précisé. En attendant, BASF se prépare à un net recul de ses résultats pour l'année en cours. L'action perdait nettement plus de 4 pour cent dans les premiers échanges.

"La compétitivité de la région Europe souffre de plus en plus de la surréglementation", a déclaré le président de l'entreprise Martin Brudermüller, cité dans le communiqué. Elle souffre également de plus en plus de la lenteur et de la bureaucratie des procédures d'autorisation et, surtout, du coût élevé de la plupart des facteurs de production. Tout cela a déjà freiné la croissance du marché européen pendant de nombreuses années par rapport à d'autres régions. De plus, les prix élevés de l'énergie pèsent désormais sur la rentabilité et la compétitivité en Europe.

L'année dernière, BASF a dû dépenser 3,2 milliards d'euros de plus en coûts énergétiques que l'année précédente, a encore annoncé l'entreprise. Rien que pour le gaz naturel, l'entreprise a dû payer 2,2 milliards d'euros de plus. Sur le surcoût du gaz naturel, 1,4 milliard d'euros ont été dépensés à Ludwigshafen, malgré une consommation de gaz en baisse de 35%.

L'ajustement à Ludwigshafen devrait entraîner une baisse des coûts fixes de plus de 200 millions d'euros par an à partir de fin 2026, a ajouté BASF. L'usine mère emploie environ 39 000 personnes sur les plus de 111 000 que compte le groupe dans le monde. Outre le programme de réduction des coûts, BASF prend également des mesures structurelles. L'usine mère de Ludwigshafen devrait ainsi être mieux équipée à long terme pour faire face à une concurrence de plus en plus rude. Il est notamment prévu d'y fermer une des deux usines d'ammoniac et une usine de TDI, ainsi que des installations pour certains produits intermédiaires.

Pour l'année en cours, BASF s'attend à un net recul du résultat d'exploitation. Les fortes incertitudes de l'année dernière dues à la guerre en Ukraine, aux coûts élevés des matières premières et de l'énergie en Europe, à la hausse des prix et des taux d'intérêt persisteront en 2023, a encore fait savoir le groupe de la Dax. Tout cela pèsera sur la demande mondiale. L'entreprise s'attend donc à une croissance modérée de l'économie mondiale cette année.

Pour l'année en cours, le groupe chimique vise un chiffre d'affaires de 84 à 87 milliards d'euros. L'année dernière, BASF avait réalisé un chiffre d'affaires de 87 milliards d'euros. En ce qui concerne le résultat d'exploitation (Ebit ajusté), BASF table sur 4,8 à 5,4 milliards d'euros. Cela représenterait une baisse allant jusqu'à 30 % par rapport à l'année précédente. BASF s'attend à un premier semestre faible. La situation des résultats devrait s'améliorer au second semestre grâce à des effets de rattrapage, notamment en Chine.

En attendant, BASF prévoit de distribuer autant d'argent aux actionnaires que pour 2021, malgré une perte l'an dernier. Le conseil d'administration prévoit de verser un dividende de 3,40 euros par action, a-t-on appris.

L'année dernière, une perte de 627 millions d'euros a été enregistrée en raison de la dépréciation de plusieurs milliards d'euros de sa filiale Wintershall Dea. C'est nettement moins que ce que BASF avait annoncé en janvier. L'entreprise s'attendait alors à une perte de près de 1,4 milliard d'euros. La raison en est une légère baisse des amortissements de Wintershall Dea, a-t-on expliqué. La filiale de BASF se plaint d'une expropriation de fait de ses participations en Russie et prévoit de se retirer complètement du pays. Un an plus tôt, BASF avait encore gagné environ 5,5 milliards d'euros.

Avec le résultat d'exploitation (Ebit) visé pour 2023 sur une base ajustée, le groupe chimique est en ligne avec les attentes du marché, ce qui devrait être accueilli avec soulagement, écrit l'analyste Chetan Udeshi de la banque américaine JPMorgan. Dans ce contexte, et compte tenu de la valorisation avantageuse et du bilan robuste de BASF, la fin du programme de rachat d'actions pourrait toutefois décevoir quelque peu en raison d'une conjoncture économique plus morose.

BASF a interrompu prématurément son programme de rachat d'actions qui devait se terminer fin 2023. Au lieu d'un maximum de trois milliards d'euros, seulement 1,4 milliard d'euros ont été dépensés, a également annoncé BASF vendredi. L'entreprise dispose ainsi de plus d'argent en caisse pour investir par exemple ou pour le consacrer à la restructuration du groupe./mne/nas/stk