Ajoute suppression attendue de l'attestation, déclarations de Bruno Le Maire, reportage à Lille

PARIS (awp/afp) - Le confinement allégé auquel est soumis un tiers des Français depuis samedi a commencé sur un couac avec la suppression express de l'attestation de sortie en journée jusqu'à 10 km.

Le gouvernement "réfléchit à une simplification du dispositif d'attestations", a indiqué Matignon à l'AFP à la mi-journée, quelques heures seulement après la mise en ligne du document sur le site du ministère de l'Intérieur.

"L'idée est de permettre aux Français d'utiliser une pièce d'identité ou un justificatif de domicile à la place d'une attestation pour justifier du fait qu'ils sont bien à 10 km de leur lieu de résidence", a-t-on expliqué, en ajoutant qu'une attestation restait valable si on était confiné dans un lieu différent de son domicile.

Sitôt paru, le document de deux pages a provoqué de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux, où il a été moqué comme le comble de la bureaucratie à la française.

L'attestation recense quinze motifs de sortie, valables dans un rayon de 10 kilomètres autour du domicile pour certains (dont les promenades) et 30 km pour d'autres (dont les achats). Seuls certains motifs (consulter un médecin, sortir son chien...) sont acceptés entre 19h00 et 06h00 du matin, période de couvre-feu pour toute la France métropolitaine.

"Je vous l'accorde, l'attestation est complexe", avait concédé en début de matinée sur BFMTV une porte-parole du ministère de l'Intérieur, Camille Chaize.

Dans un message envoyé samedi matin aux préfets, le ministre Gérald Darmanin a d'ailleurs demandé de faire ce week-end "des contrôles très pédagogiques (...) et de faire preuve de beaucoup de compréhension avant de verbaliser (en dernier ressort)".

Vingt-et-un millions d'habitants, dont les douze millions de la région parisienne, sont soumis pour au moins quatre semaines à ces nouvelles restrictions, bien plus légères que le premier confinement national d'il y a un an. Ils sont répartis sur seize départements (les huit d'Ile-de-France, les cinq des Hauts-de-France, la Seine-Maritime, l'Eure et les Alpes-Maritimes).

"Folie bureaucratique"

Contrairement aux deux premiers confinements, on peut rester à l'extérieur aussi longtemps qu'on veut, puisqu'on risque davantage d'attraper le Covid-19 à l'intérieur que dehors.

Mais même si les promenades sont autorisées dans un rayon de 10 km, "les grands regroupements ne sont pas permis", a souligné Camille Chaize, en recommandant "une limite de 6 personnes en extérieur".

Dans le centre de Paris à la mi-journée, l'ambiance ne différait pas radicalement d'un autre samedi froid et ensoleillé.

"Je ne vois aucun changement, à part les boutiques fermées", a affirmé à l'AFP Philippe, en train de se promener sur les quais de Seine avec sa fille Manon, au milieu de cyclistes et de coureurs

De nouveaux commerces ont en effet fermé dans les seize départements, et la liste de ceux qui restent ouverts a été publiée.

Fleuristes, chocolatiers (Pâques oblige), magasins de musique, coiffeurs ou cordonniers font partie de cet inventaire à la Prévert. Selon le gouvernement, cela porte à 90.000 le nombre de commerces désormais fermés.

"Nous faisons du sur-mesure, s'est justifié le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.

Pas de quoi convaincre le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui a fustigé sur Europe 1 "la folie bureaucratique".

"On est soulagés de pouvoir ouvrir mais on a peur de ne pas avoir de clients", a expliqué à l'AFP Maxime Lecomte, cordonner à Lille, où les rues du centre-ville étaient quasi désertes samedi matin avant de se repeupler à la mi-journée.

D'autres départements?

En vertu des nouvelles restrictions, il est désormais interdit de sortir des départements concernés, sauf pour "motif impérieux". Selon Camille Chaize, une "souplesse" s'applique toutefois pour les gens vivant à la limite d'un autre département, qui pourront y entrer en respectant un rayon de 30 km.

Enfin, écoles et collèges restent ouverts, mais les lycées basculent en "demi-jauge".

"Ce qu'on veut, c'est freiner le virus sans nous enfermer", a déclaré vendredi le président Emmanuel Macron, en rejetant le terme "confinement".

Reste à savoir si cela suffira. Comme de nombreux épidémiologistes l'avaient prévu et malgré ce qu'espérait M. Macron, l'épidémie est repartie à des niveaux inquiétants.

"D'autres départements ou régions vont probablement entrer dans ce type de dispositif dans les quinze jours ou trois semaines", a pronostiqué dans Nice-Matin un membre du Conseil scientifique qui guide le gouvernement, Olivier Guérin.

Les indicateurs n'ont pas été publiés vendredi à cause d'un incident technique, selon l'agence sanitaire Santé publique France. Mais la veille, le pays avait enregistré près de 35.000 nouveaux cas en 24 heures et comptait 4.250 patients en réa (un quart en Ile-de-France).

Pour sortir du tunnel, le gouvernement mise encore et toujours sur la vaccination. Près de 6 millions de personnes ont reçu au moins une injection, dont 2,4 leurs deux doses.

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