La Commission européenne prévoit de proposer cette année des mesures pour faire face aux risques de sécurité posés par les investissements à l'étranger et pour renforcer les contrôles à l'exportation des biens à usage civil et militaire, dans l'optique de rivaux tels que la Chine.

Dans un document intitulé "Stratégie européenne de sécurité économique", consulté par Reuters avant sa présentation mardi, la Commission expose son point de vue sur la manière dont l'Union européenne peut rendre son économie plus résiliente et identifier les risques émergents.

Selon la Commission, ces risques pourraient provenir d'exportations et d'investissements qui laissent fuir le savoir-faire vers des rivaux étrangers dans un "ensemble restreint de technologies habilitantes clés ayant des implications militaires", en donnant comme exemples l'informatique quantique, l'intelligence artificielle, la 6G, la biotechnologie et la robotique.

L'exécutif de l'Union européenne présentera sa "communication" aux législateurs et aux pays de l'UE, dont les dirigeants doivent discuter des relations avec la Chine à Bruxelles la semaine prochaine.

Le document ne cite pas la Chine, mais insiste sur le partenariat avec les pays qui partagent les préoccupations de l'UE et utilise l'expression "de-risking", sa politique de réduction de la dépendance économique à l'égard de la Chine.

L'exécutif européen devra faire preuve de prudence, car l'octroi de licences d'exportation et l'évaluation des intérêts en matière de sécurité sont des compétences nationales que les gouvernements de l'UE voudront conserver.

Un projet néerlandais interdisant aux entreprises chinoises d'acheter les outils de fabrication de semi-conducteurs les plus avancés de la société ASML en est un bon exemple

L'UE contrôle les exportations de certains biens à "double usage" pouvant avoir des applications militaires. La Commission prévoit de dresser, en collaboration avec les États membres de l'UE, une nouvelle liste des technologies essentielles à la sécurité économique.

"Les États membres de l'UE ne sont pas prêts à renoncer à l'ensemble des contrôles des exportations, mais nous assisterons probablement à une coopération accrue", a déclaré un diplomate de l'UE.

La Commission gardera également un œil sur les investissements entrants et pourrait proposer une révision de son mécanisme de contrôle avant la fin de l'année 2023.

Les diplomates de l'UE affirment que l'Union doit déterminer avec soin les risques qu'elle souhaite limiter et établir qu'ils ne peuvent pas être contenus par les mesures existantes.

Le document de la Commission indique qu'elle se concentrera sur les risques pesant sur les chaînes d'approvisionnement, y compris l'énergie, et sur les infrastructures critiques, telles que les réseaux de télécommunications, ainsi que sur la protection contre la coercition économique et la fuite des technologies de pointe. (Reportage de Philip Blenkinsop ; Rédaction d'Emma Rumney)