L'Italie fait pression sur ses partenaires de l'Union européenne avec une urgence croissante pour approuver des règles budgétaires plus flexibles, selon des sources gouvernementales, alors que les spreads obligataires s'élargissent et que Rome craint que des écarts par rapport à ses objectifs de dépenses pour 2024 ne déclenchent une procédure disciplinaire de la part de Bruxelles.

Le gouvernement de Giorgia Meloni est particulièrement préoccupé par le fait que les futures règles comptables d'Eurostat, l'organisme de statistiques de l'UE, pourraient faire augmenter le déficit budgétaire de l'année prochaine, ont déclaré trois fonctionnaires, ce qui rendrait la position de Rome encore plus vulnérable.

Les règles fiscales de l'Union, suspendues depuis 2020 en raison de la pandémie de COVID-19, devraient être rétablies l'année prochaine avec des amendements actuellement négociés par les gouvernements de l'UE, et l'Italie propose des moyens de les rendre aussi indulgentes que possible.

Il s'agit notamment d'un traitement favorable de différents types d'investissements ainsi que de dépenses de défense plus élevées et d'une aide financière et militaire à l'Ukraine.

Selon les fonctionnaires, la dernière proposition de l'Italie la protégerait contre un examen par Eurostat, dans les mois à venir, de la manière dont sont comptabilisés les crédits d'impôt coûteux pour les améliorations écologiques apportées aux habitations.

L'Italie les a déjà inclus dans ses budgets précédents, ce qui a gonflé ses déficits au cours des trois dernières années.

Toutefois, Eurostat, en se fondant sur des critères comptables techniques, pourrait décider que ces crédits devraient être reportés à 2024 et au-delà, ce qui aurait pour effet de réduire les déficits pour les années où les plafonds ont été suspendus et de les augmenter lorsque les règles fiscales mises à jour reviendront.

Dans ce cas, l'Italie tomberait presque certainement sous le coup d'une réforme du pacte de stabilité proposée par la Commission européenne - la plus concrète sur la table jusqu'à présent - et les fonctionnaires italiens soutiennent donc que les révisions potentielles d'Eurostat devraient être considérées comme un "facteur pertinent" afin d'éviter une procédure disciplinaire.

Jusqu'à présent, la Commission n'a pas commenté les propositions de réforme du pacte de stabilité des différents pays et n'était pas immédiatement disponible pour commenter cette histoire.

Bruxelles propose de concentrer l'assainissement budgétaire sur les dépenses primaires nettes, à l'exclusion des recettes fiscales discrétionnaires, des charges d'intérêt et des dépenses cycliques liées à l'aide aux chômeurs.

Le Trésor italien s'est engagé à maintenir la croissance des dépenses primaires nettes de l'Italie "bien en dessous" du plafond de 1,3 % demandé par Bruxelles pour 2024.

Mais une décision défavorable d'Eurostat rendrait cela impossible, a déclaré l'un des fonctionnaires.

Une décision de la Commission selon laquelle le budget 2024 de l'Italie n'est pas conforme aux règles de l'UE aggraverait probablement la pression croissante des marchés sur la dette de Rome, qui est proportionnellement la deuxième plus importante de la zone euro après celle de la Grèce.

Le cadre budgétaire de l'Italie, approuvé par le cabinet le 27 septembre, a relevé l'objectif de déficit de l'année prochaine à 4,3 %, contre 3,7 % précédemment, et ne prévoit un retour sous le plafond de 3 % de l'UE qu'en 2026, sans pratiquement aucune réduction de la dette au cours de la même période.

Le plan a été mal accueilli par les marchés, l'écart très surveillé entre les rendements des obligations italiennes BTP à 10 ans et des Bunds allemands équivalents dépassant 208 points de base lundi, le plus important depuis janvier. (Rédaction : Tomasz Janowski)